Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Ces lieux devenus cultes grâce au cinéma
Deauville avec Un homme et une femme, Rochefort et ses Demoiselles ou encore Bergues dans Bienvenue chez les Ch’tis ont été transfigurées par les films dont elles ont été le décor.
Sam Caro, réalisateur de France, le plus beau décor de cinéma.
Comment avez-vous sélectionné les films et lieux de votre documentaire ?
Nous voulions des films qui parlent à tout le monde, avec des séquences et des répliques cultes. Ensuite, il fallait trouver des témoins, membres de l’équipe, figurants, habitants, pour raconter l’histoire des lieux avant, pendant et après le tournage de ces films, auxquels ils sont désormais intimement liés. Les Demoiselles à Rochefort (Charente-Maritime), Amélie Poulain à Montmartre (Paris) ou la Ford Mustang d’Un homme et une femme, seule voiture autorisée à rouler sur les planches du Festival du cinéma américain de Deauville (Calvados).
Les réalisateurs avaient-ils tous déjà un lien fort avec ces lieux ? Oui, chacun de façon différente. Le lien de Claude Lelouch à Deauville est quasiment organique. Il y était arrivé seul, en voiture, à 2 h du matin, défait, après plusieurs échecs professionnels. À l’aube, il a vu une femme avec un enfant et un chien sur la plage, et s’est mis à écrire Un homme et une femme. Roger Vadim et Brigitte Bardot étaient amoureux du petit port
de pêche de Saint-Tropez quand ils y ont tourné Et Dieu créa la femme. Et Jean-Pierre Jeunet habitait Montmartre quand il y a tourné Le fabuleux destin d’Amélie Poulain.
Parfois ce lien remonte à l’enfance…
C’est le cas de Jacques Demy lorsqu’il filme Les Demoiselles de Rochefort sur le pont transbordeur de la Charente, semblable à celui qui le fascinait, enfant, à Nantes (LoireAtlantique). Et il réenchante Rochefort, fait peindre les volets de la place
centrale, quand les Américains tournent leurs comédies musicales en studio. Bienvenue chez les Ch’tis immortalise le beffroi de Bergues (Nord), où officiait l’oncle carillonneur de Dany Boon. Et c’est la mémoire de son père ouvrier qui attire Claude Berri dans le Nord également, à WallersArenberg, pour y tourner l’adaptation du roman de Zola, Germinal.
Pourquoi Le Mans pour Cyrano de Bergerac ? Jean-Paul Rappeneau y avait trouvé le décor parisien de son Cyrano.
Dans notre documentaire, on revisite la ville, inchangée, avec le chef opérateur et le maître d’armes du film.
Et le choix de la Normandie pour Un Singe en hiver ?
Le lieu de tournage était imposé par le roman d’Antoine Blondin. Henri Verneuil a établi définitivement Tigreville à Villerville (Calvados).
Lequel de ces tournages a-t-il été le plus marquant ?
Le plus gros a été celui de Germinal. Huit mois de préparation, six mois de tournage, des milliers de figurants, dont beaucoup d’anciens mineurs. C’était une prouesse logistique et beaucoup d’émotion. Le film a favorisé le classement de la fosse Arenberg, qui devait être détruite, au patrimoine de l’Unesco ainsi que sa reconversion.
Tous ces films ont connu un succès international…
Oui, souvent inattendu. Celui qui s’est le moins exporté est sans doute Un Singe en hiver, avec les dialogues de Michel Audiard, portés par Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo, et qui reste encore la plus belle cuite du cinéma !
France 5, 20 h 55.