Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Hélène de Fougerolles en prof zen et confiante
Télévision. La comédienne reprend le rôle principal de la série Sam. Elle revient sur sa carrière, des films d’auteur de ses débuts aux grandes comédies populaires.
Après deux ans d’absence, demain, la série Sam fait son grand retour sur TF1. La prof emblématique, désinvolte, appréciée de ses élèves, moins de ses collègues, est désormais incarnée par Hélène de Fougerolles.
La comédienne reprend le rôle, après Mathilde Seigner (saison 1) et Natacha Lindinger (saisons 2 à 6). « C’est un vrai cadeau. Beaucoup de gens m’ont demandé avant le tournage si j’étais stressée. Pas du tout, commente la comédienne. Mais pendant, si. J’aime l’idée que ce personnage existait avant moi. Mais rentrer dans sa peau, reprendre sa façon de bouger, de s’asseoir, de parler n’est pas un exercice si simple. C’est la première fois que je n’avais pas à proposer une interprétation. »
Jouer à la prof, elle qui a quitté le collège à 16 ans, n’est- ce pas un peu ironique ? « Dans la série, c’est une école particulière, dans un château, avec des classes doubles… » rappelle- t- elle. Loin des difficultés des « vrais » enseignants. « Ce qui m’a intéressée, ce sont les jeunes et leurs problématiques. » Elle-même a une fille de 20 ans, autiste, dont elle ne parle ouvertement que depuis son livre publié en 2021, T’inquiète pas, maman, ça va aller (1). Elle y raconte son long cheminement pour accepter la différence de sa fille. « L’écriture m’a libérée. C’est un truc fou, mais jusque-là, j’étais très agressive dès qu’on me parlait de ma vie privée. »
Un diplôme d’hypnothérapie
Au Festival de la fiction télé de La Rochelle (Charente- Maritime), en septembre, Hélène de Fougerolles était venue en habituée présenter le premier épisode de Sam. « J’aime l’ambiance bienveillante de ce festival. Ici, je ne me sens pas snobée. Ce n’est pas Cannes, où on peut se faire écharper. » Le tapis rouge de la Croisette, elle l’a foulé pour des films d’auteur.
L’actrice a démarré sa carrière dans les années 1990 avec des réalisateurs comme Jean-Pierre Mocky ou Jacques Rivette. Poursuivant avec Patrice Chéreau, Cédric Klapisch,
Mathieu Kassovitz… Alternant avec de grandes fictions populaires pour TF1. « On me l’a beaucoup reproché. Bah, oui, je ne rentrais pas dans la bonne case. Quand je jouais pour Jacques Rivette, c’était la classe. Mais presque personne n’a vu ses films… Sincèrement. Quand j’ai eu un prix et tout ça, c’était bien considéré aussi », détaille la comédienne de 50 ans, récompensée du prix Romy- Schneider en 2001 pour sa prestation dans Va savoir (de Rivette) et deux fois nommée au César du meilleur espoir féminin (en 2002 pour ce même film et en 1999 pour Que la lumière soit !) .
Elle poursuit, sourire aux lèvres : « Après j’ai fait un peu de Beineix » (Jean- Jacques), pour le film Mortel Transfert. « Ensuite, j’ai travaillé avec Alexandre Jardin, ça a moins plu. Ensuite, rit- elle, je suis passée à Incontrôlable avec Michaël Youn.
Alors là, ça n’allait pas du tout du tout ! C’était vu comme une catastrophe. Mais c’était des films extrêmement populaires où j’avais des premiers rôles, avec beaucoup de visibilité auprès d’une certaine génération. Et moi, je fais ce métier pour être vue ! »
La télé ne lui a pourtant pas épargné une traversée du désert dans les années 2010… Végétarienne, passionnée de spiritualité, Hélène de Fougerolles s’est alors formée en hypnothérapie, décrochant un diplôme dans le but de recevoir des patients en consultation. « J’avais passé trois ans sans travailler, rappelle- t- elle. J’ai appris le Reiki (soins basés sur les énergies), la bioénergie, plein de choses comme ça. »
Aujourd’hui, les propositions affluent. Elle n’envisage plus de travailler dans le soin. « J’utilise cet apprentissage pour ma famille, ma fille, pour moi. Je m’autohypnotise pour enlever le stress. »
Plus de plan de carrière
Le rôle récurrent de Sam, si la série se poursuit (ce qui dépendra des audiences), lui offre une certaine sérénité, appréciable dans un métier fait d’incertitudes. « On ne sait jamais de quoi sera fait demain. »
Elle apprécie de pouvoir se permettre de choisir les projets, évitant avec une belle constance les films dans les tribunaux ou les hôpitaux. « Il faut que le scénario me plaise. Je n’ai plus ce plan de carrière que j’avais il y a vingt- cinq ans. Prendre un rôle seulement pour gagner de l’argent, je n’en ai pas besoin, explique- t- elle avec franchise. Surtout maintenant que je vis dans le Sud. »
Loin de la vie parisienne qu’elle ne regrette en rien, avec un jardin « où c’est un peu la jungle. J’ai une vie de rêve, je fais un métier que j’adore. » (1) T’inquiète pas, maman, ça va aller, éditions Fayard, 18 €.
TF1, lundi 8 janvier, 21 h 10.