Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Six skippers et l’inconnu d’une grande première
Départ de Brest ce dimanche à 13 h 30. Particularités de la course, skippers engagés, parcours… Voici les raisons pour lesquelles cette première édition est unique.
Un saut dans l’inconnu
Ce dimanche, les six marins engagés vont tenter de relever un challenge inédit dans l’histoire de la course au large : faire un tour du monde sans escale à bord des “Géants des mers”, à savoir les Ultim, les plus grands bateaux au monde qu’on puisse mener en solitaire. « Après plus de 20 ans de carrière, c’est le plus grand défi que je vais relever en voile, tout simplement », assurait Armel Le Cléac’h avant le grand départ.
Un défi humain et technologique pour ces précurseurs, qui devront manoeuvrer seuls pendant plusieurs semaines leur trimaran de 32 m de long et 23 m de large. « Je prépare plus ma tête que mon corps », avouait le Finistérien Charles Caudrelier. Surnommé « le port des records », Brest tient un événement à la hauteur de sa renommée dans le monde de la voile.
Une première classe réduite mais expérimentée
L’Arkéa Ultim Challenge a rassemblé un casting réduit mais de qualité. Parmi les six skippers, le Léonard Armel Le Cléac’h (Maxi Banque Populaire XI), icône de la course au large, recordman de la traversée sur le Vendée Globe et vainqueur en novembre de la Transat Jacques Vabre avec Sébastien Josse, est une des têtes d’affiche. À 55 ans, le doyen Thomas Coville (Sodebo Ultim 3) fera, lui, le pari de l’expérience. L’homme aux huit tours du monde est le seul skipper engagé à avoir bouclé le parcours en solitaire sur un multicoque géant.
Avec un palmarès XXL (Route du Rhum, Transat Jacques Vabre), Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild), fait aussi office de redoutable concurrent, à bord d’un trimaran qu’il connaît par coeur. Le prodige Tom Laperche (Trimaran SVR-Lazartigue) se tient aussi en embuscade. À
26 ans, le benjamin de la course est parvenu à être présent in extremis sur la ligne de départ. Son bateau a été réparé en urgence à Concarneau en raison d’une avarie à un bras.
Les deux derniers participants partent de plus loin avec moins de moyens : Anthony Marchand (Actual Ultim 3), dont l’Arkéa Ultim Challenge ne constitue que sa troisième expérience avec son Ultim dans une compétition et Eric Péron, « la tortue » se surnomme-t-il, invité de dernière minute dont l’objectif est de terminer coûte que coûte.
Un tour du monde classique et dantesque
À l’instar du Vendée Globe, les skip
pers effectueront un tour du monde, avec 24 000 miles à parcourir (40 000 km) au départ et à l’arrivée de Brest. Le Cléac’h et consorts emprunteront les mers les plus agitées (le golfe de Gascogne) et passeront par les trois caps emblématiques, Bonne-Espérance (au sud de l’Afrique du Sud), Leeuwin (au sud- ouest de l’Australie) et Horn (à la pointe de l’Amérique du Sud, au Chili). « Ne vous attendez pas à voir six bateaux en bon état à l’arrivée », ironisait Charles Caudrelier. Pour la première fois, des zones de course ont même été interdites pour tenter de protéger la faune des cétacés.
Si le projet est de réaliser la course sans s’arrêter, l’organisation a offert
aux skippers la possibilité d’effectuer des escales avec assistance technique mais pénalisés, le règlement stipulant de s’arrêter 24 heures minimum à quai en cas d’intervention.
En prenant comme indicateur le record du monde de François Gabart datant de 2017 (42 jours, 16 heures et 40 minutes), les spécialistes s’attendent à environ 45 jours de traversée pour les plus rapides, sur des trimarans volants équipés de foils et capables de filer au- delà de 40 noeuds (72 km/h). Mais pour les skippers, rallier le bout du monde serait déjà une fin en soi.