Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

À plusieurs heures de leur domicile

- Mélissa BOUFIGI.

Carine fait l’inventaire de ses affaires avant d’attraper le TGV qui lui permettra d’être à 9 h au bureau, à Paris. En 2018, cette consultant­e en stratégie digitale quitte la région parisienne « J’ai négocié pour être seulement deux jours sur site, à l’époque c’était osé… » Jusqu’à la crise sanitaire, Carine, 48 ans aujourd’hui, entame une vie partielle de navetteuse. « J’ai testé toutes les options, avec par exemple les allers-retours à la journée, mais j’ai rapidement arrêté parce que trop fatigant, ou de dormir chez les copains ou à l’hôtel. »

Il faut alors « tout anticiper, tout prévoir, tout gérer », et solliciter sa mère pour garder sa fille, âgée de 11 ans à l’époque. Tout en ayant son propre quotidien de nomade à gérer. « J’étais tout le temps en baskets pour plus de confort, mais consultant­e dans le luxe en baskets, ça ne le fait pas ! Pour avoir l’esprit tranquille, je laissais des boots, une culotte et une trousse de toilette dans mon caisson au bureau. »

Le TGV qui relie Lyon à Paris en deux heures devient son « deuxième bureau ». Elle sent également le lien se déliter avec son équipe. « Je n’ai jamais eu peur de perdre mon job mais qu’on m’oublie, oui. J’avais la sensation d’être à part. »

Elle aussi affiche sa fatigue extrême. « Se lever à 5 h 30, se coucher tard, se balader deux jours avec sa valise, comme une tortue qui a sa vie sur son dos… J’étais rincée, cassée physiqueme­nt. Cela avait forcément un impact sur ma productivi­té. »

Après le Covid, Carine change de travail. « La première raison, c’était la fatigue », explique celle qui est devenue responsabl­e marketing et communicat­ion chez Coexya, une entreprise du numérique dont l’un des sites est à Lyon. « J’ai dû faire des concession­s, mais je ne regrette pas. » (1) Le prénom a été changé à la demande du témoin.

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pour Lyon. « La séparation avec le père de ma fille a été l’élément déclencheu­r, explique-t- elle. Je voulais me rapprocher de ma famille. » Mais elle conserve son poste à Paris.
| PHOTO : MAXIME LE CLANCHE POUR OUEST-FRANCE et pour tous les temps : avant d’attraper le train, le « navetteur » fait l’inventaire. pour Lyon. « La séparation avec le père de ma fille a été l’élément déclencheu­r, explique-t- elle. Je voulais me rapprocher de ma famille. » Mais elle conserve son poste à Paris.

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