Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Trésor du breton écrit

Chapeau ou coiffe ? (Tog pe goef ?) Un vrai casse-tête pour des femmes bretonnes dans les années trente.

- Bernez ROUZ.

Regardez bien dans vos albums de famille : l’abandon de la coiffe pour le chapeau est un fait vestimenta­ire marquant du XXe siècle et un cassetête pour les femmes. Joseph-Marie Noël, recteur de Plounévez- Quintin (Côtes- d’Armor), auteur de pièces de patronage, en a fait un monologue.

Ma zad na c’houl ket klevet komz eus tokoù ; ma mamm a blij gwelloc’h ar c’hoef dezhi met na stourm ket eneb d’he merc’h evit kement-mañ. Koef pe dok, gant pehini anezhe a gav deoc’h a vefen ar c’hoantañ ? (Mon père ne veut pas entendre parler de chapeau ; ma mère préfère la coiffe mais elle ne lutterait pas contre sa fille sur ce choix. Coiffe ou chapeau, avec lequel serais- je plus jolie ?)

Car mademoisel­le a deux prétendant­s : Job am c’havfe koantoc’h gant un tog moan, hanter goloet ma blev frizet gantañ. Pêr, en deus diskleriet din krak ha krenn, n’am c’hemero ket mar wiskan un tog (Joseph me trouverait plus jolie avec un chapeau plat qui couvrirait la moitié de mes cheveux frisés. Pierre m’a dit de façon claire qu’il ne m’accepterai­t pas si je porte un chapeau).

Avant toute chose, il faut essayer les deux : Pegen aes eo an tog da lakaat ! un taol lagad war ar melezour, un tamm kempenn d’ar blev ha pare. Ar pezh eo ar gwashañ, ret e vez trokañ anezhe div, teir, peder gwech ar bloaz. Pa teu da soñj deoc’h ho peus kavet unan eus an dibab, a weler ur stumm nevez (Que c’est facile de porter un chapeau ! Un coup d’oeil dans le miroir, on arrange un peu les cheveux et on est prête ! Le pire, il faut en changer deux, trois, quatre fois par an. Quand on pense avoir trouvé le bon, sort un nouveau modèle).

Fidendoue ! ur c’hoef gwenn, marellet, c’houarnet mat a zo koant. Soñjal a ra din eo ledanoc’h ma fenn, nerzhusoc’h ma daoulagad. Laret vez eo kaeroc’h evit an tog (Mon Dieu, une coiffe blanche, bigarrée, bien tenue est jolie. Je pense que ma tête est plus large et mes yeux plus vifs). Il faut trancher : Ma c’halon a zo frailhet rak pêr a fell din. Gwiskañ a rin ur c’hoef (Mon coeur est partagé car c’est Pierre que j’aime. Je porterai la coiffe).

Le clergé de l’époque était vent debout contre la mode des villes d’où la morale de cette histoire : Krediñ a ra din e tougan gant ur c’hoef ur vriad eus vertuioù hon mammoù kozh hag hon mamm Breizh (Je pense que la coiffe porte une brassée des vertus de nos grands-mères et de notre matrie la Bretagne).

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