Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Lannion : ils ont dit non à la régulation des urgences
Ils étaient entre 2 000 et 3 000 à battre le pavé à Lannion, hier, pour protester contre cette mesure qui entrera en vigueur, la nuit à partir de mars, en raison d’un manque de médecins urgentistes à l’hôpital.
Hier matin, les rues de Lannion (Côtes- d’Armor) étaient noires de monde. Venus des quatre coins du territoire, entre 2 000 et 3 000 Trégorrois se sont rassemblés sur le parvis de la mairie pour crier leur désarroi face à la « régulation » des urgences de nuit, qui entrera en vigueur en mars, et durera au moins jusqu’à l’été.
Une mesure confirmée par le Groupement hospitalier de territoire (GHT) d’Armor, jeudi dernier. Concrètement, cela signifie qu’à compter de cette date, l’appel au 15 (Samu) avant tout passage aux urgences de Lannion deviendra la règle la nuit, de 19 h à 8 h le lendemain. Une décision prise dans un contexte de manque de médecins urgentistes, en partie dû à la loi Rist qui, dans les faits, limite l’intérim médical.
Face à cette réalité, les habitants du Trégor s’inquiètent. Patrick, venu de Saint- Quay- Perros, y voit le signe du « déclin des hôpitaux publics, qui sont poussés à devenir des centres de profit. On perd petit à petit de vue la nécessité de l’égalité dans l’accès aux soins. » Le sexagénaire met cette régulation des urgences en parallèle avec la crise qui secoue les Ehpad : « Comment peut- on se projeter dans un territoire qui voit tous ses services aux personnes âgées se dété
Jusqu’à l’été, et après ?
Même constat pour Christine. La Lannionnaise, qui a travaillé pendant trente ans en tant qu’infirmière au bloc opératoire de Lannion, constate amèrement le délitement des services publics : « L’hôpital est le plus touché par ces mesures. Quand j’y travaillais, on nous disait parfois “vous verrez, dans quelques années, ça va craquer”. Mais on n’y croyait pas. Maintenant, on y est. »
Dans le cortège, des dizaines d’écharpes tricolores signalent la présence d’élus de l’Agglo. Parmi eux, Paul Le Bihan, maire de Lannion, dénonce une situation « anxiogène » du fait d’un manque de « perspectives à long terme. Qu’il y ait des difficultés passagères, on peut le comprendre, mais là, la régulation est effective jusqu’à l’été. Après, on ne sait pas. »
Une inquiétude que partage le comité de défense de l’hôpital de Lannion-Trestel : « C’est par le service des urgences qu’arrivent près de 80 % des patients qui séjournent à l’hôpital. La fermeture même partielle de ce service met en péril l’ensemble de l’hôpital de Lannion. »
Après 30 minutes de prises de parole, le cortège s’est dirigé vers la sous-préfecture de Lannion, dans l’espoir d’être reçu par le représentant de l’État. Les Trégorrois ont trouvé porte close.