Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Lannion : ils ont dit non à la régulation des urgences

Ils étaient entre 2 000 et 3 000 à battre le pavé à Lannion, hier, pour protester contre cette mesure qui entrera en vigueur, la nuit à partir de mars, en raison d’un manque de médecins urgentiste­s à l’hôpital.

- Victor GUILLAUD-LUCET.

Hier matin, les rues de Lannion (Côtes- d’Armor) étaient noires de monde. Venus des quatre coins du territoire, entre 2 000 et 3 000 Trégorrois se sont rassemblés sur le parvis de la mairie pour crier leur désarroi face à la « régulation » des urgences de nuit, qui entrera en vigueur en mars, et durera au moins jusqu’à l’été.

Une mesure confirmée par le Groupement hospitalie­r de territoire (GHT) d’Armor, jeudi dernier. Concrèteme­nt, cela signifie qu’à compter de cette date, l’appel au 15 (Samu) avant tout passage aux urgences de Lannion deviendra la règle la nuit, de 19 h à 8 h le lendemain. Une décision prise dans un contexte de manque de médecins urgentiste­s, en partie dû à la loi Rist qui, dans les faits, limite l’intérim médical.

Face à cette réalité, les habitants du Trégor s’inquiètent. Patrick, venu de Saint- Quay- Perros, y voit le signe du « déclin des hôpitaux publics, qui sont poussés à devenir des centres de profit. On perd petit à petit de vue la nécessité de l’égalité dans l’accès aux soins. » Le sexagénair­e met cette régulation des urgences en parallèle avec la crise qui secoue les Ehpad : « Comment peut- on se projeter dans un territoire qui voit tous ses services aux personnes âgées se dété

Jusqu’à l’été, et après ?

Même constat pour Christine. La Lannionnai­se, qui a travaillé pendant trente ans en tant qu’infirmière au bloc opératoire de Lannion, constate amèrement le délitement des services publics : « L’hôpital est le plus touché par ces mesures. Quand j’y travaillai­s, on nous disait parfois “vous verrez, dans quelques années, ça va craquer”. Mais on n’y croyait pas. Maintenant, on y est. »

Dans le cortège, des dizaines d’écharpes tricolores signalent la présence d’élus de l’Agglo. Parmi eux, Paul Le Bihan, maire de Lannion, dénonce une situation « anxiogène » du fait d’un manque de « perspectiv­es à long terme. Qu’il y ait des difficulté­s passagères, on peut le comprendre, mais là, la régulation est effective jusqu’à l’été. Après, on ne sait pas. »

Une inquiétude que partage le comité de défense de l’hôpital de Lannion-Trestel : « C’est par le service des urgences qu’arrivent près de 80 % des patients qui séjournent à l’hôpital. La fermeture même partielle de ce service met en péril l’ensemble de l’hôpital de Lannion. »

Après 30 minutes de prises de parole, le cortège s’est dirigé vers la sous-préfecture de Lannion, dans l’espoir d’être reçu par le représenta­nt de l’État. Les Trégorrois ont trouvé porte close.

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riorer à vitesse grand V ? En défendant l’hôpital, on défend aussi l’attractivi­té du territoire. »
| PHOTO : OUEST-FRANCE La place de la mairie était trop étroite pour accueillir l’ensemble des manifestan­ts contre la « régulation » des urgences de nuit de Lannion (Côtes-d’Armor), hier matin. riorer à vitesse grand V ? En défendant l’hôpital, on défend aussi l’attractivi­té du territoire. »

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