Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
DMaking of
Pour la plongée en coulisses. Peu de temps après la sortie de son très remarqué Procès Goldman, le scénariste et réalisateur Cédric Kahn propose une comédie piquante sur le petit monde du cinéma. Elle prend la forme de plusieurs films dans le film. Making of est d’abord l’histoire d’un tournage, dans une usine ayant été le théâtre d’un sévère conflit social. Simon (Denis Podalydès), réalisateur reconnu de films engagés, entend revenir sur les événements, avec des comédiens amateurs et professionnels. Mais très vite, tout déraille. Son acteur principal joue les divas (interprété par Jonathan Cohen, horripilant à souhait). Ses techniciens râlent. Ses producteurs le lâchent parce qu’il ne veut pas donner une fin heureuse à son film. Il pleut tout le temps… Tout cela est raconté à travers la caméra d’un figurant chargé d’en filmer le making of (les coulisses). Un focus aussi drôle qu’édifiant sur les difficultés de la création, la puissance de l’argent et les querelles d’ego. 1 h 59. (Pascale Vergereau)
Pour le récit intimiste. De l’autre côté de la Manche, une nouvelle génération de cinéastes émerge. Après Charlotte Wells (Aftersun) et Molly Manning Walker (How to Have Sex), voici donc Charlotte Regan. Ce nouveau regard, féminin qui plus est, permet de bouger les lignes d’une cinématographie trop vite réduite à sa veine sociale portée par l’indéboulonnable Ken Loach. Scrapper raconte la vie buissonnière d’une pré-ado de 12 ans livrée à elle-même depuis la mort de sa mère. Dans cette banlieue lointaine de Londres, Georgie trompe tout à la fois son ennui et les services sociaux. Jusqu’au jour où débarque son père (Harris Dickinson, le héros de Sans filtre) . Ce dernier, jusqu’ici trop absent, devient trop présent dans cette existence à la liberté imprévisible. Une réconciliation est toutefois possible et, avec elle, la fin d’un désoeuvrement. Filmée avec beaucoup de grâce, cette comédie dramatique déjoue les figures trop imposées du genre pour dessiner un récit intimiste ultra- sensible. (Thomas Baurez) … princesse changeante. Pour la beauté des décors. Aujourd’hui âgé de 80 ans, Michel Ocelot, le papa de Kirikou, est l’un des maîtres de l’animation française, césarisé en 2019 pour Dilili à Paris et couronné d’un Cristal d’honneur au festival d’Annecy en 2022 pour l’ensemble de sa carrière. Et voilà que redébarque en salles, cette semaine, ce petit bijou d’animation en papier découpé, sorti en 2016, regroupant quatre contes découverts six ans plus tôt dans le programme télé Dragons et Princesses. On y suit un garçon, une fille et un vieux projectionniste imaginant chaque soir, dans un cinéma désaffecté, des aventures, contes merveilleux dont ils deviennent les héros, princesses et aventuriers, en se déguisant. La beauté des décors et la luxuriance des couleurs font ici merveille, avec une technique d’animation artisanale intemporelle. Un théâtre d’ombres à la poésie aussi féerique que ludique. Et capable de séduire, dans un même geste, petits et grands. (Thierry Cheze)
La vie rêvée de Miss Fran
Daisy Ridley (qui a notamment joué dans plusieurs épisodes de Star Wars) épate dans le rôle d’une jeune femme avec une timidité phobique que l’arrivée d’un nouveau collègue de bureau va peu à peu libérer. Une anti- comédie romantique, scénarisée par Rachel Lambert, d’une délicatesse infinie. 1 h 31.
Un silence
Le réalisateur belge Joachim Lafosse met en scène une famille bourgeoise qui implose avec la remontée à la surface d’un inceste mis sous le tapis depuis des années. Un film impressionnant, porté par le duo Daniel Auteuil-Emmanuelle Devos. 1 h 39.
Prendre soin de la terre
Un documentaire de Guy Chapouillié entendant célébrer les paysans ayant fait le choix d’une agriculture biologique et raisonnée mais qui ne parvient jamais à trouver sa forme, se contentant trop d’un simple enchaînement d’entretiens finissant par lasser. 2 h 05.