Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Les turbulence­s mélancoliq­ues d’Elliott Armen

Le disque de la semaine. Le Malouin, fils de Yann Tiersen, sort un deuxième album plein d’émotions fortes, enregistré sur une île perdue du nord de l’Écosse. Bon sang ne saurait mentir.

- Philippe MATHÉ.

Elliott Armen, voilà un pseudonyme qui fleure bon la Bretagne. On s’attend presque à entendre des bombardes et des binious ! Pourtant, la musique du Malouin ne s’ancre pas dans les traditions locales. Elle s’ouvre au contraire à tous les vents.

Pour Elliott, 24 ans, se lancer dans la musique avec son vrai nom était, de toute façon, trop compliqué. « M’appeler Elliott Tiersen, cela aurait donné l’impression que je faisais la même musique que mon père alors que ce n’est pas du tout le cas. Tiersen, c’est déjà une marque. »

Entre eux, tout de même, un air de famille : une culture musicale très anglo-saxonne, un goût prononcé pour la mélancolie. « J’ai longtemps confondu mélancolie et tristesse. Alors que la mélancolie, c’est la preuve que les choses sont belles, c’est un état qui nous rend témoin de cette beauté. »

Une escapade en Écosse

Son deuxième album, Turbulence, s’en veut le témoin. Après Helium Balloons en 2022, un premier essai folk dépouillé, le Breton a souhaité ouvrir sa musique à des arrangemen­ts plus aventureux. Direction, en ferry puis en bus, le nord de l’Écosse et l’île de Lewis. Pendant douze jours, Elliott va arpenter les lieux à pied et y camper, histoire de s’imprégner des paysages, avant de s’enfermer dans le studio du producteur Peter Fletcher.

À l’arrivée cela donne un disque plein de réverbérat­ions, de guitares qui passent de doux arpèges à la saturation, de cordes, de piano et d’une batterie (une nouveauté pour les chansons d’Elliott Armen) qui sait tout autant caresser que faire parler la foudre. Au milieu de tout ça, l’artiste chante d’une voix fragile les turbulence­s de la vie, entre pertes, deuil, amour et espoir.

Le flux et le reflux de la mer

Les chansons, aussi aériennes que tellurique­s, évoluent comme le flux et le reflux de la mer. Est- ce vraiment surprenant ? « La plupart de mes chansons ont été littéralem­ent écrites devant la Rance (en Ille- et-Vilaine), confie Elliott Armen. Je connais cette vue depuis que je suis né et pourtant j’ai l’impression qu’elle change tout le temps. »

C’est à l’image de son album, faussement apaisé, qui fait entendre le calme avant la tempête. À moins que ce ne soit l’accalmie après l’orage ? Avec Turbulence, Elliott Armen offre des chansons aux influences multiples (des restes de folk forcément, la dream-pop des Cocteau Twins, du post-rock à la Mogwai) tout en traçant un sillon personnel.

Turbulence, 10 titres, 46 min. (Sony/ Wagram)

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| PHOTO : CAROLINE RUFFAULT Elliott Armen sort, avec « Turbulence », son deuxième album.

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