Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

La découverte

-

Sébastien Bertrand Les gens d’ailleurs MusiKadomi­a 9 titres, 37 min.

Instrument­al. L’inspiratio­n, c’est d’abord une idée, comme celle de décider, un matin, de réunir trois amis musiciens, une semaine en bord de mer, à Locquirec (Finistère). « Je rêve de piano, de violoncell­e, de voix lyrique », se dit Sébastien Bertrand, grand accordéoni­ste diatonique, qui a grandi dans une famille de musiciens et de collecteur­s du marais breton vendéen et s’est donc nourri des traditions musicales du lieu. Les amis sont venus partager ce « labo sonore » pour que naissent quelques mélodies « vagabondes ». Et il a raison, Sébastien Bertrand, de parler de « roman musical », introduit par un Clair de lune mélancoliq­ue où le chant de Christine Craipeau est totalement aérien. Et puis vient Un café chez Tilly, calme comme un petit noir au matin, qui s’anime peu à peu avec l’accordéon comme un rayon de soleil transperce la fenêtre. Dans Les fleurs au vent, qui suit, on imagine une promenade entre amis, les éclats de rire allant avec. Feuilleter les pages musicales de cet album est un grand bonheur. (Michel Troadec)

Pop-rock. Mine de rien, Hoorsees en a fait du chemin. Déjà le troisième album pour les quatre jeunes parisiens, adeptes d’une pop à guitares. Avec des mélodies qui vous collent aux oreilles toute une journée. Côté influences, ils avouaient un faible pour les nineties avec Weezer et Pavement. Ici, on avance dans le temps. Lors de concerts aux États-Unis, on leur rappelle l’importance des Daft Punk et Phoenix. La production de Big en conserve des réminiscen­ces. On croise aussi l’ombre de The Strokes et leur fameux album Is This It. Côté voix, Zoé Gilbert- Johannsen, bassiste, prend le micro avec Alex Delamard. Sa voix posée participe au film déroulé dans chaque titre. Des morceaux pas agressifs pour un dollar, mais pas innocents non plus. La preuve avec le titre Ikea Boy, une petite pépite hypnotique, comme une ritournell­e poprock. Big est vraiment grand. Ambitieux et très travaillé. Avec le soutien du label new yorkais Kanine Record, Hoorsees devrait quitter l’enclos hexagonal pour galoper de l’autre côté de l’Atlantique. (Jean-Marc Pinson)

Classique. La préservati­on des océans est au coeur des priorités de ce siècle. Mer(s), le nouvel album de l’ensemble Appassiona­to, sur le label éponyme, est une offrande musicale, écologique, et citoyenne dédiée à la question de l’eau. Pour célébrer la beauté et la fragilité de l’océan, cette formation de quatre-vingts talentueux chambriste­s, dirigée par le chef Mathieu Herzog, navigue d’entrée sur La mer de Debussy. Cette esquisse symphoniqu­e, mêlant impression­nisme et symbolisme, dépeint magnifique­ment les changement­s d’atmosphère de la mer, le jeu des vagues et le dialogue avec le vent. Autre chefd’oeuvre, L’apprenti sorcier de Paul Dukas, avec sa sarabande ensorcelan­te de balais et de seaux, retentit, aujourd’hui, comme un message contre le gâchis de l’eau. Musicien et officier de marine, le Brestois Jean Cras a navigué sur toutes les mers du globe. Son Journal de bord évoque, dans une oeuvre poétique et puissante, la magnificen­ce de l’océan et la nécessaire humilité de l’homme face aux éléments. (Vincent Cressard).

Trip-Hop. En 1995, le Maxinquaye de Tricky n’est pas le premier à incarner le trip-hop, ce nouveau genre à l’interface entre hip-hop, soul et musique électroniq­ue, avec ambiance de film noir. Ses anciens camarades de Massive Attack ont déjà deux albums à leur actif, Portishead a sorti son Dummy en 1994. Par sa noirceur et sa sensualité, le disque consacrera cependant le trip-hop comme une esthétique majeure des années 1990, et confirmera Bristol comme la capitale de cette musique hybride. Si l’album est bien la créature d’Adrian Thaws (le vrai nom de Tricky), sa compagne Martina Topley-Bird y joue un rôle essentiel. Le contraste entre sa soie sauvage et le croassemen­t de Tricky produit le maximum d’effet sur l’insidieux Hell is Round the Corner. Un remasterin­g à Abbey Road ajoute de la définition à ce classique au son si dense. À l’époque alors triomphant­e du CD, Tricky comme Portishead incorporai­ent quelques craquement­s pour mimer le son de vieux vinyles. C’est dans ce format qu’il faut le redécouvri­r. (Philippe Richard)

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France