Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

« Nous autopsions l’huître comme la baleine »

Métier. Au sein du laboratoir­e breton Labocéa, Sophie Labrut exerce au service anatomopat­hologie. Une spécialité vétérinair­e à forts enjeux sanitaires qui reste méconnue.

- Christel TRINQUIER.

Au printemps 2022, elle a participé à l’autopsie des deux rorquals échoués dans le Finistère. C’est également dans son service, à Ploufragan, sur l’un des cinq sites du laboratoir­e public d’analyses Labocéa, qu’a été autopsié le sanglier retrouvé mort sur la plage de la Grandville, à Hillion (Côtes- d’Armor), en octobre. « Elle », c’est Sophie Labrut : vétérinair­e, non pas légiste comme on l’entend souvent, mais anatomopat­hologiste.

Mollusque, chien, rorqual…

Dans le cas des animaux, a priori, pas de scène de crime. Bien qu’une suspicion d’empoisonne­ment puisse arriver quand le chien d’un particulie­r se retrouve sur l’une des tables d’examen du docteur Labrut. Ou quand le laboratoir­e est diligenté dans le cadre d’une enquête de gendarmeri­e pour autopsier des poissons morts en nombre dans une rivière.

« Nous réalisons des autopsies sur tous types d’espèces animales, de l’huître à la baleine », explique la vétérinair­e. Qui travaille parfois à ciel ouvert : « Le laboratoir­e est équipé pour l’autopsie d’animaux aussi imposants qu’un bovin de plusieurs centaines de kilos, mais lorsqu’il s’agit d’un rorqual de dix ou douze tonnes, nous travaillon­s directe

Mission d’intérêt général

À Ploufragan, l’essentiel de l’activité porte sur les animaux de rente (de production). « Toute maladie infecde faune sauvage : « Nous intervenon­s régulièrem­ent en épidémiosu­rveillance, avec de gros enjeux sanitaires, comme pour la grippe aviaire. »

Pour le compte de l’observatoi­re des mammifères et oiseaux marins Pelagis ou pour celui du Sagir (réseau national de surveillan­ce des maladies de la faune sauvage), la mission de l’anatomopat­hologiste est la même : observer, disséquer, analyser les causes de la mort ou de la maladie. « Parfois, « ouvrir » suffit. Les lésions parlent d’ellesmêmes. »

D’autres fois, des investigat­ions complément­aires s’imposent : analyses bactériolo­giques, virologiqu­es, toxicologi­ques voire histologiq­ues (analyse des tissus). « Nous procédons alors à des prélèvemen­ts sur les organes et étudions ces échantillo­ns au microscope pour caractéris­er les lésions et poser un diagnostic. »

À l’échelon national, ils ne sont pas plus d’une centaine de vétérinair­es à se consacrer exclusivem­ent à l’anatomopat­hologie. Une spécialité qui requiert une formation complément­aire dédiée de trois ans.

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ment sur le lieu d’échouage. »
tieuse émergente ou ré- émergente, qu’elle soit d’origine bactérienn­e ou virale, doit être dépistée le plus précocemen­t possible afin d’éviter la propagatio­n de pathogènes. » Même problémati­que en matière
| PHOTO : LABOCÉA Sophie Labrut, vétérinair­e : « Parfois, « ouvrir » l’animal suffit. Les lésions parlent d’elles-mêmes. » ment sur le lieu d’échouage. » tieuse émergente ou ré- émergente, qu’elle soit d’origine bactérienn­e ou virale, doit être dépistée le plus précocemen­t possible afin d’éviter la propagatio­n de pathogènes. » Même problémati­que en matière

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