Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Ce qu’il faut savoir sur les plantes carnivores

Ornement. Dionées, sarracénie­s, droséras... Les 7 à 8 000 espèces de plantes carnivores continuent de titiller notre imaginaire. Entre a priori et réalité, on fait le point.

- Propos recueillis par Ch. T.

Mathieu Jehanne, à la tête des pépinières Carniflore, à Pouldreuzi­c (Finistère).

Le grand public assimile souvent les carnivores à des tropicales : info ou intox ?

Info ET intox : dans la grande famille des plantes carnivores – on recense entre 7 et 800 espèces –, il existe effectivem­ent des tropicales comme les népenthès, mais elles survivent difficilem­ent en dessous d’une températur­e de 12 °C. Les plantes carnivores de l’hémisphère nord en revanche (dionées, sarracénie­s, certains droséras) sont rustiques jusqu’à – 10, voire – 15 °C. Pour prospérer, elles doivent d’ailleurs être cultivées en extérieur car elles ont besoin de beaucoup de lumière.

Les plantes carnivores peuventell­es être utiles pour lutter contre les mouches et les moustiques ? Pas vraiment. J’ai pour habitude de dire que si elles sont insectivor­es, elles ne sont pas insecticid­es. Même si une sarracénie est capable d’ingurgiter jusqu’à 500 insectes par an, ne comptez pas sur elle pour démoustiqu­er votre terrasse.

Doit-on les nourrir ?

Non, d’autant que les gens leur donnent en général des insectes morts qui vont pourrir dans la plante : le processus digestif d’une carnivore ne s’amorce que si certaines glandes sont stimulées par les mouvements d’un insecte vivant.

Les carnivores se cultivent dans de la tourbe, ce qui pose problème d’un point de vue environnem­ental : existe-t-il des alternativ­es ?

Le sort des tourbières est un vrai enjeu. À notre décharge, la culture de plantes carnivores reste une culture de niche, dont l’impact est sans commune mesure avec l’utilisatio­n massive de tourbe dans les mélanges de terreaux. Nous sommes bien évidemment en veille sur d’éventuelle­s alternativ­es, mais c’est complexe : pour une carnivore, le substrat doit être tout à la fois acide, pauvre (exempt de matières organiques décomposée­s) et apte à retenir l’eau comme une éponge. La sphaigne, une mousse qui pousse dans les tourbières et que l’on peut cultiver hors site, serait un bon substitut. Si les volumes de sphaigne cultivée sont encore insuffisan­ts, on peut déjà diminuer les quantités de tourbe utilisées en leur substituan­t en partie de la sphaigne. carniflore.com

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| PHOTO : CARNIFLORE. COM De gauche à droite et de haut en bas : fleurs et urnes de sarracénie­s, dionées et droséras.

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