Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
2024, une occasion en or pour le tennis français
Saison 2024. Avec les JO de Paris, les voies à explorer pour retrouver la lumière sont multiples. En retrait dans les grands rendez-vous récemment, le tennis tricolore peut-il avoir son mot à dire ?
1 S’inviter en deuxième semaine des Grands Chelems
La nuit prochaine, Caroline Garcia, Ugo Humbert et Adrian Mannarino entameront l’Open d’Australie. Avec la volonté de revoir une deuxième semaine de Grand Chelem, ce que la première avait connu à Melbourne un an en arrière (8e de finale). La seule trace d’une présence tricolore en deuxième partie d’un grand rendezvous en 2023. « Mais cette année est très positive. Je trouve que la dynamique s’est inversée pour le tennis français, estime Arnaud Clément, consultant Eurosport. Après, faut-il s’attendre à avoir de très gros résultats dès 2024 ? On peut l’espérer mais il ne faut pas avoir trop d’attentes pour le moment. »
À Melbourne, Londres et New York plus qu’à Paris, Humbert (n°21 ATP) et Mannarino (n°20) aspirent à la seule chose qui aura manqué au tableau de leur belle saison 2023. « J’ai envie d’aller chercher plus, disait le premier dans nos colonnes mi- décembre. Ce sont dans les plus gros tournois que tu as envie de faire de grandes performances. »
2 Voir son Fils grandir et Monfils sortir par la grande porte
Passé de la 250e à la 35e place mondiale en un an, Arthur Fils (19 ans) a fait une poussée de croissance très remarquée. « C’est une précocité rare, souligne Arnaud Clément. Avoir vu Arthur Fils et Luca Van Assche rentrer si rapidement dans le top 50 ou le top 100 mondial, c’est très fort et assez peu courant dans le tennis mondial. Ils sont tous les deux ambitieux. »
Plus jeune joueur du top 50 mondial à l’heure actuelle, Arthur Fils travaille désormais avec un duo (Grosjean – Bruguera) qui connaît le chemin vers les sommets. Celui qu’a déjà emprunté Gaël Monfils, 37 ans, et qui a érigé les Jeux olympiques en priorité. « S’il fait un bon début de saison et qu’il se qualifie, sur la terre de Roland, en étant bien physiquement, il va falloir aller le chercher », affirme Arnaud Clément.
3 Se réconcilier avec la terre battue
Mi- décembre, Adrian Mannarino nous avait parlé de Roland- Garros comme d’un « cimetière » pour lui. Pour redorer son blason, le tennis français serait bien inspiré d’y revivre en cette année 2024.
Le 20e joueur mondial a de très grandes chances d’être aux JO, comme Ugo Humbert, un autre gaucher qui s’exprime mieux sur dur ou sur herbe. « La terre battue n’est pas la meilleure surface de nos deux numéros 1, abonde Arnaud Clément. Mais Ugo a commencé à bien jouer en 2023, avec beaucoup de points pris sur terre. »
Comme Gaël Monfils, Arthur Fils a un goût plus prononcé pour l’ocre. À Paris, en juin comme en août, des Français s’inviteront-ils enfin à la table des grands, sur leur terre ? Il faudra casser une dynamique qui dure depuis trop longtemps : aucun membre du clan tricolore ne s’est hissé en quart de finale de Roland- Garros depuis 2017, et en huitième depuis 2020.
4 Réhabiliter sa culture des doubles en vue de Paris
En 2023, une tradition a été rompue dans le tennis français. Sur sept des huit saisons précédentes, les Bleus avaient décroché un trophée minimum en double sur les tournois du Grand Chelem. Avec Caroline Garcia, Kristina Mladenovic, Nicolas Mahut, Pierre-Hugues Herbert et Edouard Roger-Vasselin, la France possède aujourd’hui cinq spécialistes multititrés de la discipline. Cela lui dessine un couloir de médailles potentielles à Paris 2024, bien plus qu’en simple. Les paires Garcia - Mladenovic et Mahut - Roger-Vasselin vont travailler ensemble et tenter de se muer en évidences sur les sept mois à venir, avec Roland- Garros comme répétition générale de luxe, dans le décor qui accueillera les Jeux.
Gaëtan BRIARD.