Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Fin de cavale pour le négationni­ste français

Vincent Reynouard, un militant néonazi de Normandie, n’échappera pas à une extraditio­n vers la France. Il vient d’être débouté en appel en Écosse, où il se cachait.

- Cécile RÉTO.

Tout un symbole. Vendredi soir, à la veille de la Journée internatio­nale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste durant la Seconde Guerre mondiale, le militant néonazi français Vincent Reynouard a été rattrapé par ses déclaratio­ns négationni­stes. À 54 ans, l’ex-professeur normand sera bientôt extradé vers une prison française, a tranché la Cour d’appel d’Édimbourg.

La fin d’une longue cavale. En 2015, après une énième condamnati­on (pas la dernière), Vincent Reynouard s’était carapaté en Grande-Bretagne. Localisé une première fois en octobre 2021 dans le Kent, au sud de l’Angleterre, il a fini par être arrêté en Écosse, en novembre 2022.

Sous un faux nom, le Français y avait refait sa vie comme professeur particulie­r à Anstruther, coloré petit port de pêche de 3 800 âmes, dans le comté de Fife, à l’est de l’Écosse. Depuis sa planque, il a continué de sévir, diffusant des vidéos haineuses sur les réseaux sociaux.

Exclu de l’Éducation nationale

« Reynouard a raison. » C’est cette inscriptio­n qui remettra sur sa piste, en 2020, les gendarmes de l’Office central de crimes contre l’humanité (OCLCH).

Les trois mots claquent au milieu de tags négationni­stes sur le mémorial d’Oradour- sur- Glane. En juin 1944, 642 habitants de ce village de HauteVienn­e ont été tués par des membres de la Waffen- SS. Dans un livre en 1997, puis dans une vidéo, Vincent Reynouard s’est appliqué à tenter d’innocenter ces soldats nazis. Cela lui a valu deux ans de prison, dont

six mois ferme.

Une condamnati­on parmi tant d’autres depuis 1990 et ses premiers pas de militant néonazi, lors de ses études à Caen, puis après son installati­on à Saint- Lô. À cette époque, il crée l’Associatio­n normande pour l’éveil du citoyen, puis devient secrétaire général du Parti nationalis­te français et européen, un groupe néonazi.

Vincent Reynouard multiplie aussi les distributi­ons de tracts négationni­stes. Et ne tarit pas d’éloges sur celui qu’il considère comme son père spirituel, l’universita­ire Robert Faurisson. Lui est mort dans sa maison de Vichy, après moult procès pour avoir nié le génocide des juifs et mis en doute l’authentici­té du Journal de l’adolescent­e juive allemande Anne Frank.

Professeur de mathématiq­ues, Vincent Reynouard déverse aussi son antisémiti­sme jusque dans sa classe. Révoqué par l’Éducation nationale en 1997, il est condamné à un an de prison ferme par la cour d’appel de Caen, dix ans plus tard.

Cette condamnati­on lui vaut son prochain retour au pays. Contrairem­ent à la France (depuis la loi Gayssot de 1990), le Royaume- Uni ne punit pas pénalement le négationni­sme. Mais la justice britanniqu­e peut être saisie pour une extraditio­n, dès lors que l’intéressé à été condamné à au moins un an de détention. Une peine que purgera Vincent Reynouard à son retour.

 ?? | PHOTO : ARCHIVES FREDERICK FLORIN, AFP ?? Vincent Reynouard en 2007, huit ans avant sa fuite en Grande-Bretagne.
| PHOTO : ARCHIVES FREDERICK FLORIN, AFP Vincent Reynouard en 2007, huit ans avant sa fuite en Grande-Bretagne.

Newspapers in French

Newspapers from France