Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Le pays de Redon réclame un nouvel hôpital… neuf
Ce territoire, à cheval sur trois départements, est inquiet pour son établissement vétuste. Hier, quelque 900 habitants étaient mobilisés pour un autre bâtiment qui « réponde aux besoins de la population ».
« Avoir un hôpital neuf qui réponde au besoin de la population est une question de dignité. » Ces mots de Mathilde Hignet, députée (La France insoumise) d’Ille- et-Vilaine, lancés sur les marches de l’hôpital de Redon font écho à la forte mobilisation, quelque 900 personnes désabusées, hier devant l’établissement de santé.
Les habitant du pays de Redon, à plus d’une heure de route des hôpitaux de Rennes, Nantes, Vannes ou Saint- Nazaire ont encaissé, en serrant les dents, la régulation nocturne des urgences pendant plus d’un an, la fermeture temporaire de lits ou de services, la valse des intérimaires ou encore la menace qui plane sur la psychiatrie mais, depuis plus d’un mois, la coupe est pleine.
Un projet d’hôpital neuf remis en cause
« L’ARS (agence régionale de santé NDLR) nous a menés en bateau », tempête Pascal Duchêne, le maire de Redon, entouré de dizaines d’élus et parlementaires des trois départements mais aussi des syndicats et associations d’usagers.
Il fait référence au projet de nouvel hôpital à l’étude depuis cinq ans. Tout était sur les rails pour qu’un ensemble immobilier regroupant la médecine, la chirurgie et l’obstétrique soit reconstruit 500 m plus au nord du site actuel.
Au vu du montant, l’agence régionale de santé a engagé une étude et
l’État a sorti du chapeau une alternative : rénover en partie le bâtiment actuel et construire un nouveau plus modeste sur le parking tout à côté, 70 millions moins cher.
« On perd des lits en médecine et maternité. Il n’y a plus de soins palliatifs dans ce scénario », fulminent les syndicats. Les places de stationnement s’envolent dans un territoire rural où rien n’est vraiment possible sans la voiture.
L’inquiétude est plus grande quand
il s’agit de calendrier. « L’hôpital devait initialement ouvrir en 2026. On nous parle aujourd’hui de 2030. Et pourquoi pas 2035 alors ? C’est inacceptable ! » lance Jean-François Mary, président de Redon agglomération.
D’autant qu’il y a urgence. L’hôpital actuel, construit dans les années 1970, a fait son temps. À tel point qu’il ne peut accueillir des patients qu’au prix de coûteuses adaptations transitoires qui, de fait, s’éternisent. Alors
forcément, la population de Redon, souvent sans médecin traitant, dont les indicateurs de santé sont moins bons qu’ailleurs, réclame « d’avoir le même accès aux soins que les autres ».
Ils le rediront « plus nombreux », le 23 mars espérant que le rapport de force conduise à un accord « comme à Carhaix ». Là où la mobilisation de la population avait rebattu les cartes.