Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Qui était Rose Perrine, une célèbre actrice du XVIIIe ?
Le moment d’histoire. Elle a été sociétaire de la Comédie-Française pendant presque quarante ans. Née à Lamballe, Rose Perrine de La Corbinais a été une grande actrice du XVIIIe siècle.
Rose Perrine Le Roy de la Corbinais est une actrice connue du XVIIIe siècle. Née à Lamballe, le 20 décembre 1730, elle a été sociétaire à la Comédie-Française.
Geoffroy de Longuemar, président de l’association des Amis de Lamballe et du Penthièvre, a fait de minutieuses recherches pour « remonter le fil de l’histoire » de cette « personnalité lamballaise », détaillée dans le 50e bulletin annuel des Amis de Lamballe et du Penthièvre, publié en 2023. Le passionné d’histoire a accepté de nous raconter la vie de cette actrice.
Le père de Rose Perrine, François Michel Le Roy était un militaire. « On sait peu de détails sur lui », explique Geoffroy de Longuemar. Mais une chose est sûre. « La famille de Rose Perrine était rennaise », détaille le président des Amis de Lamballe et du Penthièvre. Après Lamballe, les parents de la future actrice ont déménagé à Nantes, à Rouen… « Dix ans plus tard, son père quitte l’armée et devient comédien à Paris en 1743. »
Des amants riches et célèbres
Il participait à des comédies vaudevilles qui se jouaient notamment pendant les grandes foires organisées à Paris. « Il n’était pas un très bon comédien ni auteur. En revanche, sa fille, Rose Perrine, s’est fait remarquer très tôt. » Charles Favard, « un des auteurs les plus populaires du XVIIIe siècle », va même lui offrir un rôle dans la pièce Le coq de village. Rose Perrine a 12 ans.
« Elle devient tout de suite célèbre. Une véritable star », commente Geoffroy de Longuemar. « On le sait car elle est payée plus cher que les autres comédiens », poursuit le président des Amis de Lamballe.
Dans la pièce de Charles Favard, elle s’appelle « Gogo ». Rose Perrine sera connue sous le nom « Mademoiselle Gogo », ou encore, de « Mademoiselle Beauménard », qui était le nom de comédien choisi par son père.
En 1746, Rose Perrine va jouer à Lyon puis à Dijon. Plus tard, l’actrice rejoindra « le théâtre des armées » à Bruxelles grâce à Charles Favard.
Le Maréchal de Saxe, « qui dirige l’armée française », a fait appel aux talents de l’auteur populaire pour distraire ses hommes pendant les périodes « de pause », lorsque l’armée s’installait à Bruxelles.
Rose Perrine va devenir une des « favorites » du Maréchal de Saxe. Au même moment, elle joue dans plusieurs « opéras- comiques », notamment la pièce Acajou dans laquelle elle obtient le rôle- titre.
À 18 ans, Rose Perrine rentre à Paris et « fait ses premiers pas à la Comédie-Française ». Elle jouera le rôle de Dorine dans Tartuffe de Moliè
re ou encore de Marton dans Le Galant jardinier de Dancourt. Et bien d’autres encore…
Elle est reconnue comme une actrice « sérieuse et assidue » de la Comédie-Française, mais aussi célèbre pour ses « aventures galantes ». Geoffroy de Longuemar raconte : « Il était courant, à l’époque, que les actrices de la Comédie fussent entretenues par de riches seigneurs et financiers. »
En 1751, par exemple, elle est entretenue par le commandeur de la Cerda, ministre du Portugal. Elle aura également une liaison avec le fermier général Alexandre d’Augny. L’actrice s’installera en 1753 dans son hôtel particulier, situé rue Drouot (où est installée aujourd’hui la mairie du IXe
arrondissement de Paris).
Rose Perrine épousera, en janvier 1761, Gilles Colson dit « de Bellecour ». Elle sera donc aussi connue sous le nom de Mme de Bellecour. Ils se sépareront en 1769. Elle aura d’autres liaisons notamment avec le compositeur Nicolas-Alexandre Dezède.
Après une vie remplie et rythmée, l’actrice meurt le 4 août 1799 à Paris. « Il y a beaucoup d’éloges sur elle. Elle a été une grande actrice du XVIIIe siècle. On retrouve des personnages de théâtre portant son nom au XIXe siècle » indique Geoffroy de Longuemar.