Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

CLe dernier des juifs, utile comédie douce-amère

Pour sa finesse. Michael Zindel et Agnès Jaoui jouent un fils et sa mère devenus les seuls juifs d’une cité de Seine- Saint-Denis, dans ce premier long-métrage du scénariste Noé Debré.

- Pascale VERGEREAU.

Le générique. Noé Debré s’est fait connaître en tant que scénariste chez Jacques Audiard (Dhephan), Farid Bentoumi (Good Luck Algéria), Thomas Bidegain (Les cow boys), Romain Gavras (Le monde est à toi), ou Hélène Kloz (La vénus d’argent)... Il est aussi derrière l’humour de la série Parlement. À 38 ans, il signe son premier long-métrage avec Le dernier des juifs, qui emprunte son titre à un livre du philosophe Jacques Derrida. Son héros est campé par le jeune Michael Zindel. Une découverte. Son côté lunaire et son talent comique font penser au Doinel de Truffaut ou à Charlie Chaplin. Pour incarner sa mère, Agnès Jaoui s’est imposée. « Elle avait très peu joué dans des trucs juifs, du coup je savais qu’elle ne serait pas dans les lieux communs », précise le réalisateu­r dans le dossier de presse du film.

La durée. 1 h 30. Le genre. Comédie.

L’histoire. Dans une cité du 9.3., Bellisha, grand ado de 27 ans, vit avec sa mère, Giselle. Malade, celle- ci ne sort plus guère de leur appartemen­t, craint les Arabes et l’imminence d’une guerre entre Israël, la Syrie et l’Iran et répète régulièrem­ent : « Il faut qu’on parte avant que ça recom

mence. » Comprenez, évidemment, l’antisémiti­sme. Bellisha, qui a pour maîtresse une musulmane mariée, l’observe monter dans le quartier sans s’en affoler outre mesure. Toutefois, pour rassurer Giselle, il lui fait croire qu’il prend des cours de kravmaga (technique d’autodéfens­e développée par des militaires israéliens) et prépare leur départ, tout en démarrant une brillante carrière dans la vente de pompes à chaleur.

On aime…

La subtilité de ce petit film (en termes de budget). Les dialogues sont pleins de finesse, les personnage­s tout sauf manichéens. Noé Debré raconte les tribulatio­ns de Bellisha sur le mode du conte des Mille et une nuit, avec la distance d’une voix off. Les événements du 7 octobre et la riposte israélienn­e à Gaza ont failli repousser sa sortie. Réalisateu­r et distribute­urs ont décidé de la maintenir, « en raison du regard humaniste et réconcilia­teur qu’il propose ». Ils ont eu raison.

On aime moins…

(Attention spoiler) Voir Agnès Jaoui mourir pour la première fois à l’écran. Le dernier des juifs est aussi un récit bouleversa­nt sur la disparitio­n d’une mère.

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| PHOTO : MOONSHAKER FILMS. THE LIVING. L'EMBELLIE. Michael Zindel et Agnès Jaoui.

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