Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Cabane fait de sa musique un délicieux refuge
Le disque de la semaine. Le Belge Thomas Jean Henri propose, sur son deuxième album, des chansons tout en douceur, entre folk et pop orchestrale, sublimées par des voix invitées.
Longtemps, Thomas Jean Henri n’a pas su s’il allait publier son deuxième album sous le nom de cabane (sans majuscule). Non pas que le musicien belge soit en manque d’inspiration. Mais avant de sortir de Brûlée qui fait suite au très réussi Grand Est la Maison (2020), il a promené à travers la France ses nouvelles chansons pour des sessions d’écoute où chacun était invité à retrouver le plaisir d’écouter ensemble un album en entier. « Une quarantaine de minutes pour partager l’instant », décrit- il. Il était par exemple passé par l’Antipode à Rennes (Ille- et-Vilaine), en juin, lors du festival de l’association Des Pies Chicaillent.
Des chansons comme un baume
À l’heure du streaming et des lectures aléatoires au gré des recommandations des algorithmes, l’idée peut sembler incongrue. La musique de cabane s’y prête à merveille. Thomas Jean Henri n’a pas choisi ce nom par hasard. Pour lui, la cabane est ce lieu provisoire où s’abriter des vicissitudes de la vie. Ses chansons agissent comme un baume.
Batteur du groupe Venus, de 1997 à 2001, Thomas Jean Henri Van Cottom (de son nom complet) a également travaillé aux côtés de Stromae, notamment comme tour-manager. Il a lancé en 2015 ce projet qui mêle musique, photo et vidéo. Seul mais très bien accompagné.
Sa cabane peut paraître rudimentaire, elle accueille du beau monde. On a pu ainsi y croiser Will Oldham (alias Bonnie Prince Billy et Palace Music), pointure folk indé américaine. Pour ce Brûlée, on retrouve les Anglais Kate Stables, merveilleuse voix de This is The Kit, et le chanteur de Tuung, l’excellent Sam Gender.
Des timbres doux et caressants qui habitent superbement les chansons de cabane, aux cordes enchanteresses, arrangées par l’Irlandais Sean O’Hagan, leader des High Llamas et producteur notamment du dernier album de The Coral.
Les compositions de Brûlée, loin d’être incandescentes, évoquent plus la flamme d’une bougie. À la fois élégantes et fragiles, elles rappellent le folk sur le fil du britannique Nick Drake avec leurs arpèges délicats et ses notes de piano suspendues.
Pop dans les mélodies, orchestrées avec délicatesses, ces chansons racontent tendrement toutes sortes d’histoires d’amour : vécu ou perdu, espéré ou déçu. Tout ira bien nous promet le dernier titre de l’album. Bercé par cabane, on a envie d’y croire.
Brûlée (Cabane records), 37 min, 10 titres.