Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
L’Australie, terre promise des protestants
Au XIXe siècle, en Prusse, des protestants ne peuvent exercer librement leur religion. Ils choisissent de s’exiler vers l’Australie afin de reconstruire leur vie dans la douleur.
Ce n’est même plus une morale rigide. C’est une chape de plomb qui pèse sur cette communauté religieuse protestante de Prusse que l’on appelle les Vieux- Luthériens. La vie de chacun doit suivre un chemin bien précis, tracé dès la naissance. Les divertissements y sont regardés de travers, comme si s’amuser menait en enfer.
Hanne, une adolescente, étouffe dans ce monde oppressant que décrit avec justesse Hannah Kent dans Incandescentes. Elle a envie d’ailleurs et trouve une première échappatoire en s’évadant dans la nature toute proche. Hanne se sent différente, à part. « Je recherchais la solitude. Le bonheur, pour moi, c’était jouer avec les bruissements de l’herbe, sur les terres non cultivées, à l’orée du village », dit- elle.
Une traversée inhumaine
Un jour, elle est troublée par une autre jeune fille, Thea, dont la famille rejoint le village. Un véritable amour naît entre elles. Une chose que le rigorisme de la communauté ne peut même pas imaginer. Hanne et Thea s’efforcent de tromper leur monde, jusqu’au jour où une grande nouvelle bouleverse le village. Pour pratiquer librement leur culte, ces protestants ont reçu le droit d’émigrer à l’autre bout du monde, en Australie.
Ils y vont avec presque rien mais avec tout l’espoir de construire leur nouvelle vie. Avant cela, il y a cette traversée de tous les dangers à tra
vers l’océan dans des conditions indignes. Si c’est le prix à payer pour la liberté, il est bien lourd.
Inspirée par des faits réels, Hannah Kent livre un récit saisissant de cette épopée. C’est un voyage sans retour vers une terre inconnue et encore ingrate qu’il faudra travailler
avec ardeur.
Le destin ne permettra pas à Hanne et Thea de s’y retrouver, du moins en chair et en os. Pourtant, elles vont quand même se sentir si proches l’une de l’autre. Comme si, au- delà de la vie terrestre et des apparences, la pensée de l’une était capable d’attirer celle de l’autre. C’est le dernier volet du livre et il a quelque chose d’envoûtant.