Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Chardonnet, tant de chemin de Paris à Paris

À 18 ans, il avait vécu comme dans un rêve son premier match de Ligue 1 contre le PSG d’Ibrahimovi­c et Beckham. Brendan Chardonnet a aujourd’hui 29 ans et a effectué depuis un long et beau chemin.

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Il avait vécu son premier match de Ligue 1 comme dans un rêve, alors que le Stade Brestois était en plein cauchemar, glissant en pente douce vers la Ligue 2 depuis des mois. Le 18 mai 2013, à la 37e journée d’une saison où Brest enchaînait les revers, Brendan Chardonnet entrait en jeu au Parc des Princes, en ce soir de dernière valse pour David Beckham. Et le natif de Saint- Renan se coltinait le marquage de Zlatan Ibrahimovi­c, 27 minutes durant. « Forcément, c’est impression­nant, je me demandais si c’était vraiment réel », rigole aujourd’hui le capitaine des Ti-Zefs.

Il avait bien essayé de demander une faveur à « Ibra » en fin de match, mais n’avait pas réussi à gratter le maillot de la star parisienne. N’empêche, le jeune défenseur brestois avait vécu le moment détaché de toute forme de pression. « Je n’étais pas à l’époque dans l’optique d’une carrière pro », détaille Chardonnet qui, au lendemain de cette soirée de gala, était attendu à Toulouse, en U19, pour assurer le maintien du club dans sa catégorie d’âge. Si tant est que ses chevilles aient gonflé sur le moment la veille, ça les aurait dégonflées illico.

Qu’on ne s’inquiète pas pour Brendan Chardonnet, ce jeune homme de 29 ans qui aime la vie, les copains, la déconne et chambrer ses coéquipier­s d’entraîneme­nt, n’est pas le genre à prendre le melon comme ça.

« Quand tu ne joues pas, c’est le coach le méchant »

Et puis, sa vie de footballeu­r profession­nel l’a aidé à mesurer la chance qui est aujourd’hui la sienne. « Oui, j’ai eu des moments de doutes », lâche le jeune homme, obligé à un prêt en National, à Épinal en 2015, pour glaner du temps de jeu. « Quand tu n’arrives pas à enchaîner les matches en Ligue 2, un moment c’est difficile », relève- t- il.

Le déclic ne viendra pas en Ligue 2 pour Brendan Chardonnet, mais en Ligue 1… Et parce qu’il s’est posé les bonnes questions. Il explique : « Quand tu ne joues pas, c’est toujours le coach le méchant, toujours le coach le con. À un moment donné, il fallait se remettre en question et que je me demandais ce qui ne marchait pas. Les coachs se succédaien­t et me voyaient toujours comme un très bon remplaçant, qui, quand il joue, joue bien, mais qu’on ne faisait jamais enchaîner ».

Alors en janvier 2020, après un match à Toulouse, il suit les conseils de son pote, le gardien Gautier Larsonneur. « Gautier avait pris un préparateu­r physique, je l’ai rencontré. Je n’étais pas forcément là- dedans au départ : la musculatio­n en jeunes, on n’en faisait pas vu qu’on n’avait pas vraiment de centre de formation. J’ai dit : “On peut faire 2- 3 mois d’essai, voir comment ça se goupille”. Et c’est à partir de ce moment-là, que le coach Dall’Oglio a commencé à me mettre titulaire et à me faire enchaîner les matches. Ça a porté ses fruits ».

Rendez-vous dans 20 ans

Depuis, Chardonnet enchaîne, rarement blessé, rarement suspendu. Il connaît ses forces - « les duels et l’anticipati­on » – et ses limites - « la vitesse ». Il a joué en Coupe de France à Trélissac son 200e match avec Brest. Il a pris le capitanat sous l’ère Der Zakarian et en est forcément fier, lui le Finistérie­n de souche, gamin supporter de Ti-Zefs, marqué par le passage de Ribéry à Brest (20032004), comme par la montée des Grougi, Kantari ou autre Brou-Apanga en 2010.

Le Conquetois est aujourd’hui, à son tour, un symbole du club et un garant de ses valeurs. Alors il aimerait marquer l’histoire du Stade Brestois. « Si on finit mieux que 8e, j’espère que, dans 20 ans, on parlera des Lala, Lees-Melou, Bizot, Chardonnet comme on peut parler de Cabanas, Vabec et de toutes ces légendes. »

Marqué au fer rouge par le Stade Brestois, Chardonnet ne s’interdit rien à l’avenir. « Si je finis ma carrière à Brest à 34-35-36 ans, ce sera une très belle carrière, ça voudrait dire que pendant 15 ou 16 ans, j’aurais été au niveau, ici. Mais je pourrais aussi découvrir une autre vie, à l’étranger. Je ne suis fermé sur rien du tout. Je prends les choses comme elles viennent dans la vie en général. »

Sans prise de tête. Pas plus que lors de son premier match au Parc des Princes à 18 ans au marquage d’Ibrahimovi­c.

David GUÉZENNEC (avec Alexis CZAJA).

Les bons résultats font qu’il y a une petite hype autour de Brest. On ne va pas s’en plaindre ni changer nos habitudes, nos portes sont assez ouvertes ici. Éric, Roy, entraîneur du Stade Brestois.

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PHOTO GUILLAUME SALIGOT, OUEST-FRANCE Brendan Chardonnet retrouve le Parc des Princes.

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