Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Herbert : « J’ai une histoire avec les Bretons… »

Open de Quimper, finale (aujourd’hui). Vainqueur de Mattéo Martineau en demi-finale (7- 6, 6- 4), l’Alsacien continue de sortir du tunnel. Il affrontera le surprenant Croate Duje Ajdukovic.

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Pierre-Hugues Herbert (32 ans, 252e joueur mondial).

Ce sera votre première finale depuis l’Open 13 de Marseille en mars 2021…

Ah ouais (rires) ? C’est génial. Très sincèremen­t, je suis content, pour mon staff surtout…

Quel déclic a opéré entre votre début de saison où vous aviez du mal à conclure, et cette semaine où vous montrez aussi beaucoup de sérénité ?

Il y a eu beaucoup de choses sur cette semaine, mais effectivem­ent, j’ai très bien tenu aujourd’hui (hier). Plus le match avançait, et mieux je me sentais, même si j’ai assez mal démarré. Je suis content de ne pas m’être embarqué dans un truc au long cours. J’ai trouvé mon rythme, et il a fallu que je me batte pour y arriver.

Après toutes vos blessures, vos pépins physiques depuis un an et demi, touchez-vous à nouveau à une forme de plénitude ?

(Il hésite). Pour moi, ce sont des étapes. En tout cas, je touche du doigt un certain niveau de jeu depuis un certain temps. Depuis l’US Open en 2023 (demi-finaliste avec Nicolas Mahut), je sens à l’entraîneme­nt que je joue bien. J’ai réussi, sur la fin d’année dernière, à produire un niveau de jeu en match qui est de qualité. Et depuis le début de l’année, je n’étais pas loin d’y arriver. Il faut savoir rester patient. Ça paye cette semaine. Mais il reste un match et je n’ai pas du tout envie de le perdre demain, chez moi, avec les Bretons, avec lesquels j’ai une petite histoire aussi… Je ne suis pas en train de faire les comptes mais je sens qu’en 2024, ça peut être une saison où je peux m’éclater.

Votre coach (Nicolas Renavand) parlait vendredi d’un « pari fou », celui d’être aux Jeux olympiques de Paris…

C’est en bout d’objectif, parmi tant d’autres avant. Mais j’ai ce pari fou de me lancer là- dedans et de me dire qu’il y a encore cinq mois pour y arriver. C’est cela que je veux aller chercher. Aujourd’hui, c’est comme si je me lançais sur un 800 mètres avant 300 de retard sur tous les autres, avec tout ce que j’ai pris, mes problèmes de santé… Tout cela m’a empêché d’enchaîner les semaines. J’ai pris énormément de retard, mais il y a des courses où il y a parfois des remontées incroyable­s.

Durant cette grosse période de convalesce­nce, jusqu’où est allé

le curseur du doute ?

À partir du moment où l’on réapprend à marcher, on ne sait jusqu’’où on peut aller. J’ai regardé dernièreme­nt l’épisode (de la série Netflix BreakPoint) sur Alexander Zverev. Je suis passé par là. On n’a aucune idée de savoir si on va récupérer un genou. J’ai 32 ans, je ne suis plus un jeunot. Comment le corps va récupérer ? Je me suis quand même joliment amoché (rupture partielle du ligament extérieur et du ligament croisé du genou en juin 2022), ce n’était pas une blessure anodine. Je l’ai vécu ici l’an dernier : sur des surfaces abrasives, il faut de la force, de la dextérité, de la coordinati­on. C’est une vraie victoire d’être là, mais je suis compétiteu­r.

Le double, qui a fait votre marque de fabrique, vous y pensez tou

jours ?

Ça m’a tellement apporté (il a été n°2 mondial), mais j’en fais un peu un sacrifice pour essayer de remonter en simple. Il était hors de question que je sacrifie le simple, surtout à l’âge que j’ai. Mais le double, c’est une autre discipline dans le tennis. Les Jeux en double, j’adorerais les jouer, mais il faut être placé en simple.

Votre rapport avec la Bretagne est particulie­r…

On est à l’opposé de l’Alsace, mais on se retrouve sur les valeurs, l’identité. Les gens sont chaleureux, il fait bon vivre. C’est ici (à Quimper) que j’ai gagné mon premier titre. Je n’ai jamais bien joué à Brest, mais j’ai toujours aimé y aller. Ça m’a toujours donné envie, comme Rennes…

Recueilli par Jérémy PROUX.

 ?? | PHOTO : ALAIN VERMEULEN ?? Dix ans après sa première victoire à Quimper, Pierre-Hugues Herbert se hisse à nouveau en finale.
| PHOTO : ALAIN VERMEULEN Dix ans après sa première victoire à Quimper, Pierre-Hugues Herbert se hisse à nouveau en finale.

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