Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Sonaï, premier rhinocéros breton depuis la Préhistoir­e

Le petit rhinocéros indien unicorne est né au parc animalier de Branféré (Morbihan), fin décembre. Ce bébé pesait environ 55 kg. C’est la seule naissance en Europe en 2023.

- L’histoire Sylvie RIBOT.

Sonaï est un beau bébé potelé, avec sa cuirasse de futur gros costaud, typique du look des rhinocéros indiens. Au parc animalier de Branféré, au Guerno (Morbihan), où il est né le 29 décembre, on l’appelle « la petite merveille ». « Il est trop chou, on est très content ! », s’enthousias­me le directeur Frédéric Jayot.

Sonaï est aussi, tout simplement, « le premier rhinocéros breton (né en Bretagne) depuis la préhistoir­e ! » souligne Alexandre Petry, directeur animalier. En France, seuls six zoos ont des rhinocéros indiens. C’est l’unique naissance de l’année en Europe. Elles sont d’autant plus rares que dans les parcs animaliers, ça n’est pas la fête du slip n’importe quand entre mâles et femelles, pour éviter la consanguin­ité !

En 2022, Branféré a eu le feu vert du coordinate­ur du programme européen des rhinocéros pour la reproducti­on. En septembre, Sundara, la femelle de 7 ans qui n’avait jamais eu de petit, a donc été mise dans le même espace que Belur, le vieux mâle de 33 ans. Les tourtereau­x d’environ 2 000 kg sont restés vingtquatr­e heures ensemble pour consommer leur union.

Né tout seul comme un grand

Dès début 2023, les soigneurs ont décelé des indices d’une gestation, indétectab­le par échographi­e vu l’épaisseur de la peau de Mme rhino. « Il y avait le non-retour en chaleurs, la prise de poids, une prise de sang, et dans les dernières semaines, une montée progressiv­e de températur­e, puis une légère chute au dernier moment », explique Alexandre Petry. La gestation dure quinze mois.

Une caméra a été posée dans le bâtiment, chauffé à 18°, pour surveiller cette naissance comme le lait sur le feu.

Le 29 décembre, après une nuit agitée où la future maman « tournait et vocalisait, elle a perdu les eaux vers 11 h et le petit est né à 14 h 26, sans avoir besoin de notre aide », remarquent Mélanie Quémener et Nicolas Laurent, ses soigneurs. Ni une ni deux, une heure après avoir pointé le bout de son museau sans corne (ça viendra plus tard, à un an !) , le p’tit gars se tenait sur ses quatre guiboles, sur une litière chargée en copeaux de bois, bien moelleux sous les pas des mastodonte­s. « Il a tété vers 22 h 30

et avait faim. Sundara, elle, était très fatiguée », ajoute Mélanie Quémener.

Collé à sa mère qui le protège, Sonaï a pu être pesé cinq jours après sa naissance. « Il faisait déjà 64 kg ! Depuis, il prend environ 2 kg par jour. » Il a quasiment doublé de poids en un mois. Il a aussi grandi : « Il arrivait à courir sous sa mère, maintenant ça ne passe plus : il est déjà un peu trop grand ! » Il roupille beaucoup, aux côtés de Sundara, qui parfois le met au chaud, contre le stock de foin. Le bébé boit aussi « beaucoup de lait et commence à s’intéresser au foin ».

Le reste du temps, Sonaï pousse une grosse balle, s’amuse sous la douche, court à travers les loges, tente des face-à-face comme s’il allait charger. Il promène sa démarche sautillant­e dans les box et semble copier sur maman : quand elle se colle à un mur pour déposer une crotte, il se met dans la même position.

Dans les prochains jours, il pourra s’aventurer avec elle dans l’enclos du dehors et voir le ciel breton. « Il faut au moins 10 degrés avec du soleil pour qu’il n’attrape pas froid », alerte Alexandre Petry. La grande plaine, ce sera ensuite pour avril. « Avant, il y aurait des risques de glissade ! »

Sonaï ne sera jamais mis en contact

avec son père pour éviter des bagarres. Le jeune mâle porte le nom d’un sanctuaire en Inde, où vivaient des rhinocéros indiens jusqu’au début XXe, et où le pays compte en réintrodui­re.

Une espèce classée « vulnérable »

Cette espèce est classée « vulnérable ». Ils ne sont plus que 2000 à l’état sauvage, décimés par la chasse, la réduction de leur habitat, les changement­s climatique­s. On le reconnaît « à sa peau qui fait des replis comme une cuirasse, au fait qu’il n’a qu’une corne, et à sa lèvre supérieure fine car il mange des feuilles et ne fait pas que brouter », résume le directeur animalier.

Il existe quatre autres variétés : le rhino africain (noir ou blanc) à deux cornes, celui de Java quasiment éteint (environ 60 unicornes dans le monde), et celui de Sumatra à deux cornes, dont il ne reste que 200 individus. « Les Indiens sont actifs dans la préservati­on du rhinocéros indien », salue Alexandre Petry. Branféré soutient le programme Save the rhino, qui, là- bas, aide à l’extension des parcs, à la préservati­on de leur habitat, à la replantati­on des herbes qu’ils mangent.

Sonaï pourrait-il un jour être relâché en Inde ? « Lui non, mais pourquoi pas sur un projet plus long, à vingt ou trente ans. On pourrait peut- être emmener des rhinocéros adultes nés en Europe, pour les acclimater dans des parcs zoologique­s indiens et qu’ils se reproduise­nt sur place. » Le fils de Sonaï peut- être ?

Branféré rouvre le 10 février, tous les jours, de 11 h à 18 h.

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PHOTO THIERRY CREUX OUEST-FRANCE Sonaï, le bébé rhinocéros indien, né au parc de Branféré, contre sa mère, Sundara, 7 ans. C’est son premier petit.
 ?? PHOTO THIERRY CREUX OUEST-FRANCE ?? Il reste 2000 individus adultes de cette espèce classée vulnérable, dans la nature. On la reconnaît à sa peau qui fait des replis comme une cuirasse.
PHOTO THIERRY CREUX OUEST-FRANCE Il reste 2000 individus adultes de cette espèce classée vulnérable, dans la nature. On la reconnaît à sa peau qui fait des replis comme une cuirasse.

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