Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
La soucoupe d’Anthénea entend bien décoller
Un deuxième exemplaire bientôt à flot, une nouvelle offre locative… Les suites de luxe flottantes conçues par l’entreprise Anthénea, à Lannion, veulent franchir un cap en 2024, malgré les critiques.
Et si 2 024 marquait l’année du passage de cap pour Anthénea ? Les annonces faites par Jacques-Antoine Cesbron, le fondateur de l’entreprise, samedi, pourraient être perçues comme des signes avant- coureurs.
Le deuxième exemplaire de soucoupes flottantes développées à Lannion (Côtes- d’Armor) est fin prêt. Un deuxième modèle, moins cher et plus facilement transportable, est en développement. Et l’entreprise bretonne va tenter l’expérience de la location à Deauville (Calvados), à partir de juin.
Un développement tous azimuts, après des années pied sur le frein à cause de la crise du Covid-19, d’abord, qui avait entraîné une pénurie de composants et contraint Anthénea à « repartir d’un carnet de commandes vierge »,
Dix soucoupes par an pour être rentable
Puis l’entreprise s’est retrouvée dans le viseur des écologistes, qui dénonçaient le « contresens climatique » d’un industriel du luxe porté quasi exclusivement vers l’export. « Certes, on paie un bateau pour acheminer l’Anthénea chez un client. Mais ce n’est rien comparé aux économies d’énergie faites pendant ses 25 années d’exploitation », se
défend encore aujourd’hui JacquesAntoine Cesbron
D’autres, citoyens ou élus, ont ciblé l’argent public dont a bénéficié Anthénea (3,8 millions d’euros investis par la communauté d’agglomération Lannion-Trégor communauté
dans les locaux). « Inutile et payé par nos impôts », résumait un tag retrouvé sur la façade de l’usine, en juin 2022. Ces critiques pourraient ressurgir avec la mise à l’eau de la nouvelle soucoupe, qui doit entamer sa route vers le sultanat d’Oman dans les prochains jours. « On est vertueux plus que critiquable, estime Jacques-Antoine Cesbron. J’espère que la raison l’emportera. »
« Le loyer que l’on verse (250 000 € par an) rembourse largement l’investissement, rétorque le dirigeant. On coûte zéro à la collectivité. » L’entrepreneur, qui emploie aujourd’hui une vingtaine d’employés, veut tenir la promesse faite de vingt soucoupes produites chaque année, quand le point d’équilibre se situe à dix unités par an.
« Pour adhérer à un projet horsnorme comme Anthénea, il faut être au moins aussi fou que nous », sait Yannick Littoux, le directeur commercial. Ce qui explique peut- être pourquoi les mastodontes « conventionnels » de l’hôtellerie (Accor, Hilton…) n’ont pas (encore) mordu à l’hameçon. Cinq soucoupes Anthénea pourraient bientôt s’installer aux Canaries. Un village de maisons flottantes pourrait aussi voir le jour en Polynésie française. La sacro- sainte « phase d’industrialisation » est à portée d’un contrat. Mais pour l’instant, rien de signé. « On ne peut pas aller plus vite que le marché », conclut JacquesAntoine Cesbron.