Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Axel Kahn, un scientifiq­ue face au cancer

À l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, la documentar­iste Rachel Kahn revient sur la vie et la mort de son beau-frère, le scientifiq­ue Axel Kahn, décédé en 2021.

- Propos recueillis par Margot FERREIRA.

Rachel Kahn, réalisatri­ce du documetain­e Axel Kahn, chronique d’une fin de vie apaisée.

Quelle était votre intention pour ce documentai­re ?

Je ne voulais pas faire un film d’hommages, tendre le micro à des gens qui l’ont connu. Étant donné l’homme et les circonstan­ces de sa mort, on aurait eu une succession de louanges. Je tenais à ce que ce soit Axel qui nous raconte sa vie. Je voulais qu’on voie à quel point sa mort était cohérente avec cette vie d’engagement.

Comment avez-vous fait le tri dans les très nombreuses images d’archives d’Axel Kahn ?

J’ai procédé à l’envers. J’ai d’abord écrit le film. Je me suis dit, si on trouve les images et les sons pour faire ce film, j’y vais allègremen­t. Alors on a tout utilisé, aussi bien la télé que la radio. On a fait feu de tout bois pour construire sa vie.

Président de la Ligue contre le cancer de 2019 à 2021, il a dirigé un laboratoir­e, un institut, mais aussi une université.

Aimait-il les responsabi­lités ?

Beaucoup. Axel n’était pas un ange, il aimait la lumière, il aimait les médias. C’est évident, ça se voit, ça s’entend. Mais il le justifie aussi parce que c’est un grand scientifiq­ue qui n’a jamais séparé la science de l’éthique.

Qu’était l’éthique pour Axel Kahn ? Il était très vigilant à ce que les politiques ne fassent pas dériver la science vers des choses qui sont indignes

de l’homme. Et il s’est battu pour ça. Il s’est battu contre Nicolas Sarkozy, contre le clonage… La bataille de l’éthique faisait vraiment partie de sa vie et de son métier de scientifiq­ue.

Traverser la France, pour lui, était un moyen de se sentir plus proche des autres ?

Il a marché toute sa vie, a avalé des milliers et des milliers de kilomètres.

Mais après sa retraite, même s’il a continué à oeuvrer dans des institutio­ns, il a décidé de faire ce tour de France. Il voulait aller à la rencontre des Français, les écouter. Et comme il était au Parti socialiste, il a remis tout ça à François Hollande, qui était Président à ce moment-là.

Axel Kahn craignait-il l’ennui ?

Oui. D’abord, il avait une passion incroyable pour les chevaux, et dès qu’il avait du temps libre, c’était le cheval et la randonnée. Marcher, marcher, marcher… Peut- être qu’il transcenda­it son inquiétude et son angoisse par ses deux passions, très physiques mais apaisantes.

A-t-il malgré tout connu une « fin de vie apaisée » ?

C’est pour cela que j’ai voulu, dans le documentai­re, montrer sa dernière balade, si j’ose dire. Ces quelques mètres qui séparaient le lit de la douche, il a mis près de deux heures à les faire. C’était la fin. Il est mort apaisé parce qu’il a choisi, quand il ne pouvait plus vaincre la douleur, de partir.

France 5, 22 h 39.

 ?? | PHOTO : FAMILLE KAHN ?? Le professeur Axel Kahn, président de la Ligue contre le cancer de 2019 à 2021, avait deux passions : la randonnée et les chevaux.
| PHOTO : FAMILLE KAHN Le professeur Axel Kahn, président de la Ligue contre le cancer de 2019 à 2021, avait deux passions : la randonnée et les chevaux.

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