Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Connaissez-vous les origines de ces fromages du Grand Ouest ?

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Livarot et pont-l’évêque : des spécialité­s augeronnes

Tous deux doivent leur nom aux bourgs éponymes du Pays d’Auge. Dès le XVIIe siècle, ils figurent parmi les fromages français les plus réputés. Le livarot est reconnaiss­able par sa couleur orangée et sa forme cylindriqu­e cerclée par cinq « laîches » (bandelette­s végétales). En 2021, 2 200 tonnes de pont- l’évêque et 725 tonnes de livarot avaient été commercial­isées.

L’explosion des ateliers de fabricatio­n entre 1850 et 1940 a fait naître un patrimoine bâti original. Les campagnes normandes se sont couvertes de hâloirs en briques rouges vernissées, en pierres ou en pans de bois. Mais à la différence de ceux utilisés pour l’affinage du camembert, les bâtiments destinés au livarot et au pont-l’évêque ne comportent pas d’étage et ont peu d’ouvertures.

Neufchâtel, le grand ancien

Produit dans le pays de Bray, au nordest de la Seine- Maritime, il a été le premier fromage normand à obtenir une Appellatio­n d’origine contrôlée (AOC), en 1969. C’est aussi l’un des plus anciens : une charte de 1037 fait déjà référence aux spécialité­s fromagères du pays de Bray, et le « grand fourmage de Neufchâtel » est cité, en 1543, dans le livre de comptes d’une abbaye de Rouen. Très apprécié par les puissants – il est même exporté jusqu’en Angleterre – sa production explose au XIXe siècle. Pâte molle à la croûte « fleurie » (elle est couverte d’un duvet blanc produit par la moisissure Penicilliu­m), le neufchâtel est aujourd’hui le plus souvent commercial­isé sous la forme d’un coeur.

Son goût est crémeux, lacté et légèrement salé. 1 600 tonnes ont été produites en 2021.

Un petit fromage frais inspiré de la Suisse

Les tout premiers « petits- suisses » sont commercial­isés en 1850 par Madame Héroult dans sa ferme de Villers- sur-Auchy, dans l’Oise. Un de ses vachers, qui était originaire de Suisse, lui avait suggéré d’ajouter de la crème au caillé.

À quelques kilomètres de là, en Seine- Maritime, Charles Gervais reprend l’idée : dans sa laiterie de Ferrières- en- Bray, il se met à fabriquer des petits-suisses et il s’organise pour les livrer très rapidement dans la capitale, très friande de ces produits laitiers ultra-frais. L’entreprise devient florissant­e…

En 1957, ses propriétai­res rachètent la société espagnole Danone et rebaptisen­t leur structure Gervais-Danone.

Dans le Grand Ouest, il n’y a pas que les fromages AOP L’Anjou est le berceau de la caillebott­e, un fromage frais déjà mentionné par Rabelais au XVIe siècle. Son nom pourrait provenir de « caillé » et de « botte »… Une référence à la paille, aux joncs ou à l’osier tressés sur lesquels le produit était jadis présenté. Le crémet d’Anjou (que l’on retrouve aussi à Nantes) est confection­né à partir de crème fraîche, de blanc d’oeuf et de fromage blanc non battu.

Les abbayes trappistes de l’Ouest ont donné naissance à des fromages à pâte pressée non cuite : fromages de Timadeuc et de Campénéac dans le Morbihan, de Bricquebec dans la Manche, du Port- Salut et de la trappe- de-Laval en Mayenne.

Citons également le pavé d’Auge, apparenté au pont-l’évêque. Sans oublier qu’un emmental français sur deux est produit… en Bretagne.

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| PHOTO : AKG-IMAGES / SCIENCE PHOTO LIBRARY/ COLLECTION ABECASIS. Xe siècle.
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| PHOTO : COLLECTION DUPONDT / AKG-IMAGES Le petit suisse est aussi un fromage, au lait de vache et à la crème.

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