Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
CEnquête sur la disparition du pianiste Tenorio Jr
Pour sa douceur tragique. Même les fanas de bossa-nova ne connaissent pas tous le génial Tenorio Jr. Il a été exécuté à l’âge de 35 ans, en Argentine. They Shot the Piano Player le ressuscite.
Le générique. Le nom en haut de l’affiche de They Shot the Piano Player est celui d’un inconnu : Francisco Tenorio Jr. Même des amateurs éclairés n’ont jamais su que, dans le Brésil du début des années 1960, il a fait naître la bossa-nova avec Jobim, Moraes, Gilberto et Toquinho. Pourtant, on le comparait à Bill Evans, qui, au même moment, révolutionnait le piano jazz auprès de Miles Davis. Celui qui ressuscite Tenorio, c’est le réalisateur espagnol Fernando Trueda (La fille de tes rêves, La reine d’Espagne). Comme dans son précédent film d’animation (Chico et Rita), musical également, les dessins sont de son compatriote Javier Mariscal, aidé du Brésilien Marcello Quintanilha.
La durée. 1 h 44.
Le genre. Film d’animation.
L’histoire. Buenos Aires, 1976. Tenorio, 35 ans, est en tournée avec Vinicius de Moraes. Après un concert, il sort acheter un sandwich pour son amie qui l’attend à l’hôtel. On ne le reverra jamais. A-t-il fugué ? A-t-il été enlevé ? Est-il mort ? Entre Rio, São Paulo, New York, Boston et Paris, Fernando Trueda a interviewé 150 personnes dont les derniers musiciens témoins de cette époque. Et retrouvé
dLa zone d’intérêt
Pour la claque salutaire. L’écran noir qui ouvre le film de Jonathan Glazer, Grand prix du jury à Cannes, est un avertissement : apprêtez-vous à entrer dans le tréfonds de l’âme humaine. Tiré du roman de Martin Amis, La zone d’intérêt raconte le quotidien de la famille de Rudolf Höss, commandant du camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau. Dans leur jolie maison, où s’épanouissent les enfants, où poussent les roses, la vie semble presque normale. De l’autre côté du mur, la barbarie est à l’oeuvre. La solution finale, mise en place, pour exterminer le peuple juif, déploie sa monstrueuse efficacité. Des horreurs de l’extermination, le film ne montre rien. Seule la bande-son, omniprésente, diffuse sans relâche les bruits de la mort. Avec une force redoutable, La zone d’intérêt interroge sur les racines du mal, sur la déshumanisation totale. Et pose en creux une question : tout cela peut-il recommencer ? Pour le réalisateur, la réponse est oui. 1 h 45. (Philippe Lemoine)
l’un des policiers qui, alors que la junte resserrait sa main sanglante sur l’Argentine, ont attrapé, torturé et exécuté Tenorio. Simplement parce qu’avec ses cheveux longs, il avait l’air d’un gauchiste.
On aime
L’incroyable enquête menée pour révéler ce destin absurde et tragique. Le dessin chamarré de Mariscal. La bande-son fabuleuse de cette époque où Rio faisait tanguer le monde.
On aime moins
Les membres de la junte militaire qui, dans les années 1970, ont tué la beauté et l’espoir en Amérique du Sud.