Irène Drésel voit la vie et sa techno en rose fluo

Le disque de la semaine. Auréolée d’un César de la meilleure musique originale, Irène Drésel livre son troisième album, Rose Fluo. Lumineuse, sa techno n’en est pas moins viscérale et puissante.

Un rosier va bientôt porter le nom de la pétillante Irène Drésel. Et « le » morceau qui lui a donné envie de composer de la techno s’appelle The Sky was pink (le ciel était rose), un remix de Nathan Fake par James Holden… Rose Fluo, le titre de son troisième album, qui est aussi sa couleur préférée, coulait de source. Un nom trompeur si on s’attend à de la pop ou à un bonbon sucré. Fluo, le premier titre de neuf minutes, donne le ton, pied au plancher, direction la piste de danse.

On a souvent entendu que la techno d’Irène Drésel était « florale ». Parce que sur scène, dans ses visuels, et autour de sa longère en Eure- et-Loir, les fleurs sont omniprésentes. Sa techno est élégante et sensuelle mais elle est aussi animale, frontale et puissante. Point de voix dans les quatorze titres, si ce n’est, chuchotée, sur Thérèse, écrite en l’honneur de la sainte de l’impossible.

Les fleurs et les icônes béatifiées : deux fils rouges de l’oeuvre artistique quasi mystique de l’artiste de 39 ans. Son premier EP, Rita (2017), renvoyait déjà à sainte Thérèse, dont la dévotion est symbolisée par… la rose. Ses lives, avec le percussionniste Sizo Del Givry, prennent d’ailleurs des airs de cérémonie païenne.

Cette ex- étudiante des Beaux-Arts et des Gobelins vient de l’image. Elle s’était tournée vers l’art contemporain, avant de se mettre à l’électro dès 2013. Avec cette envie d’immédiateté, de faire de la musique lumineuse pour aller bien.

Première femme à remporter le César de la meilleure musique de film en 2023 (pour À plein temps avec Laure Calamy), Irène Drésel met aussi les femmes à l’honneur dans ses titres. On retrouve l’amoureuse Carmen, la guerrière Valkyrie, ou encore Paula… En cinq ans et trois albums (Hyper Cristal, en 2019 et Kinky Dogma, en 2021), Irène est devenue une artiste électro de premier plan en France, avec son univers et sa signature : de l’énergie pour le moteur, une flèche au coeur et des infrabasses qui tapent dans le bas-ventre.

Taillé pour la fête

Des petits sons cristallins et carillonnant, parfois distordus, tintinnabulent sur des kicks lourds. Entre vertige, euphorie et hallucination, la compositrice a le don, par ses nappes hypnotiques, de nous emmener dans une transe quasi psychédélique. Et surtout de nous faire danser.

Au milieu, le nostalgique Fillschen apaise et obsède. À peine le temps de souffler que ça repart de manière frénétique. Taillé pour la fête, l’album est aussi parfait pour se lancer dans un ménage à vitesse grand V !

Rose Fluo (Room Records), 14 titres, 66 min.

| PHOTO : VALÉRIE MATHILDE Rose Fluo, la couleur préférée d’Irène Drésel, nom de son album.