Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
La jalousie, du déni à la confiance retrouvée
Lorsqu’elle n’est pas obsessionnelle ou dangereuse, la jalousie peut flirter avec le jeu de séduction et être le moteur d’une nouvelle confiance en soi et en l’autre.
« Sentiment douloureux que font naître les exigences d’un amour inquiet, le désir de possession exclusive de la personne aimée, la crainte de son infidélité. » Ça, c’est pour la définition du dictionnaire Le Robert. Sur le papier, le résumé est aussi limpide que compliqué à vivre dans la vie amoureuse… Parce que « cette émotion et projection dans la sphère de l’autre », comme l’explique Céline Colliot-Thélène, psychologue et thérapeute familiale et de couple à Rennes (Ille- et-Vilaine), ont des répercussions et des degrés variables.
« Comme une preuve de son attachement »
Avant que ce sentiment ne devienne « pathologique » et ne menace de briser une relation, de nombreux états peuvent flirter avec la jalousie. « Elle peut, par exemple, exister dans un couple sous forme de jeu de séduction, de support du désir. » Comme une forme de « réassurance », dont les deux partenaires ont besoin au fil de leur histoire.
Voir l’autre un tant soit peu jaloux renvoie au besoin de plaire. « C’est plutôt sympa de deviner mon compagnon un peu agacé lorsque, dans une soirée, on me tourne autour. Je le prends pour une jolie preuve de son attachement après quinze ans de vie commune », reconnaît Pauline, 38 ans.
Par contre, quand l’agacement vire à l’obsession et « à l’emprise », c’est là que le jeu peut se transformer en lent poison quotidien voire au drame.
Un sentiment d’autant plus pernicieux qu’il est difficile à admettre. « Il peut y avoir du déni face à la jalousie. La personne est convaincue de ses croyances, s’y enferme. C’est un long travail d’accepter que cette émotion naît souvent de son propre passé. » D’une construction psychique malmenée par un sentiment d’insécurité affective, par la peur de l’abandon et la projection sur l’autre de souffrances en suspens, soutient la psychologue. « Ne pas faire confiance à l’autre, c’est déjà ne pas se faire confiance à soimême… »
L’amour, « un bon moteur » pour réparer la jalousie
Cette fragilité est propice à une vision du couple en mode « fusion » loin « de la différenciation » qui, elle, permet de respecter la liberté de l’autre. Et cet autre, justement. Comment doit- il agir pour sortir aussi d’une jalousie pesante ?
Lorsqu’elle plane sans être délétère, Céline Colliot-Thélène réfute l’idée d’un schéma manichéen avec d’un côté « un vilain jaloux » et de l’autre « une victime ». Le couple se construisant à deux, « les responsabilités se partagent aussi ». Et, rassure la professionnelle, l’amour est souvent « un bon moteur » pour réparer la crainte d’une jalousie en embuscade.