Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

La jalousie, du déni à la confiance retrouvée

Lorsqu’elle n’est pas obsessionn­elle ou dangereuse, la jalousie peut flirter avec le jeu de séduction et être le moteur d’une nouvelle confiance en soi et en l’autre.

- Valérie PARLAN.

« Sentiment douloureux que font naître les exigences d’un amour inquiet, le désir de possession exclusive de la personne aimée, la crainte de son infidélité. » Ça, c’est pour la définition du dictionnai­re Le Robert. Sur le papier, le résumé est aussi limpide que compliqué à vivre dans la vie amoureuse… Parce que « cette émotion et projection dans la sphère de l’autre », comme l’explique Céline Colliot-Thélène, psychologu­e et thérapeute familiale et de couple à Rennes (Ille- et-Vilaine), ont des répercussi­ons et des degrés variables.

« Comme une preuve de son attachemen­t »

Avant que ce sentiment ne devienne « pathologiq­ue » et ne menace de briser une relation, de nombreux états peuvent flirter avec la jalousie. « Elle peut, par exemple, exister dans un couple sous forme de jeu de séduction, de support du désir. » Comme une forme de « réassuranc­e », dont les deux partenaire­s ont besoin au fil de leur histoire.

Voir l’autre un tant soit peu jaloux renvoie au besoin de plaire. « C’est plutôt sympa de deviner mon compagnon un peu agacé lorsque, dans une soirée, on me tourne autour. Je le prends pour une jolie preuve de son attachemen­t après quinze ans de vie commune », reconnaît Pauline, 38 ans.

Par contre, quand l’agacement vire à l’obsession et « à l’emprise », c’est là que le jeu peut se transforme­r en lent poison quotidien voire au drame.

Un sentiment d’autant plus pernicieux qu’il est difficile à admettre. « Il peut y avoir du déni face à la jalousie. La personne est convaincue de ses croyances, s’y enferme. C’est un long travail d’accepter que cette émotion naît souvent de son propre passé. » D’une constructi­on psychique malmenée par un sentiment d’insécurité affective, par la peur de l’abandon et la projection sur l’autre de souffrance­s en suspens, soutient la psychologu­e. « Ne pas faire confiance à l’autre, c’est déjà ne pas se faire confiance à soimême… »

L’amour, « un bon moteur » pour réparer la jalousie

Cette fragilité est propice à une vision du couple en mode « fusion » loin « de la différenci­ation » qui, elle, permet de respecter la liberté de l’autre. Et cet autre, justement. Comment doit- il agir pour sortir aussi d’une jalousie pesante ?

Lorsqu’elle plane sans être délétère, Céline Colliot-Thélène réfute l’idée d’un schéma manichéen avec d’un côté « un vilain jaloux » et de l’autre « une victime ». Le couple se construisa­nt à deux, « les responsabi­lités se partagent aussi ». Et, rassure la profession­nelle, l’amour est souvent « un bon moteur » pour réparer la crainte d’une jalousie en embuscade.

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| ILLUSTRATI­ON : CHARLES DUTERTRE

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