Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Les secrets des animaux pour se soigner
Les scientifiques s’intéressent de près à l’automédication animale. Face aux parasites, troubles digestifs ou problèmes de peau, chaque espèce a sa parade.
Ceux qui ont un chien ou un chat le savent : en cas de digestion difficile ou pour tenter de régurgiter ce « quelque chose » qui ne passe pas, nos carnivores domestiques se mettent parfois, littéralement, au vert. Doit- on y voir une forme d’automédication ? Vraisemblablement. D’autant qu’ils ne broutent généralement pas n’importe quelle herbe lors de ces purges.
Ce qui – toutes proportions gardées – leur fait un point commun avec certains chimpanzés que l’on a pu observer, en Afrique, alors qu’ils s’employaient à ingérer tout rond les feuilles rugueuses de l’aspilia. Une « plante Velcro » qui agit à la manière d’un vermifuge mécanique, et que les singes consomment lorsqu’ils sont infestés par des parasites intestinaux.
Pharmacopées animales
Acanthus (en cas de problèmes dermatologiques), écorce d’albizia – pourtant très amère – contre les troubles digestifs ou encore feuilles de trichilia (aux vertus antipaludiques) et écorces de markhamia (aux propriétés antitumorales), les chimpanzés ont plus d’une corde à leur arc thérapeutique.
Ils ne sont pas les seuls. Dans la réserve de la vallée du Fango, en Corse, des chercheurs ont démontré que les mésanges bleues locales ne choi
sissaient pas au hasard les plantes avec lesquelles elles bâtissent leur nid. Lavande ou calament, elles sélectionnent des aromatiques aux vertus répulsives, antiparasitaires et/ ou antiseptiques afin de protéger leur couvée.
Qu’il s’agisse de perroquets, de moutons ou encore de cétacés, depuis que les scientifiques ont commencé à s’intéresser à la question de l’automédication animale (il y a seulement une quarantaine d’années), les découvertes se multiplient. Et elles ne
sont pas sans soulever un certain nombre de questions.
Comment ces espèces parviennent- elles à cibler les plantes qui traiteront telle ou telle affection parmi des végétaux qui, pour la plupart, ne font pas partie de leur régime alimentaire ? S’agit-il de comportements innés, sélectionnés au cours de l’évolution ? D’apprentissage ? Et ces pharmacopées animales sont- elles susceptibles de mettre l’homme sur la piste de nouveaux médicaments ? Ce dernier point ne constituerait d’ailleurs pas
une première. Chez les cornacs en Asie, comme dans certaines tribus amérindiennes, les exemples ne manquent pas : l’homme s’est directement inspiré des stratégies thérapeutiques des espèces qui l’entourent pour se soigner, empruntant à l’éléphant ou à l’ours ses « plantes remèdes ».
Pour aller plus loin : L’animal médecin, Alisio Sciences, 18,50 €.