Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Les secrets des animaux pour se soigner

Les scientifiq­ues s’intéressen­t de près à l’automédica­tion animale. Face aux parasites, troubles digestifs ou problèmes de peau, chaque espèce a sa parade.

- Christel TRINQUIER.

Ceux qui ont un chien ou un chat le savent : en cas de digestion difficile ou pour tenter de régurgiter ce « quelque chose » qui ne passe pas, nos carnivores domestique­s se mettent parfois, littéralem­ent, au vert. Doit- on y voir une forme d’automédica­tion ? Vraisembla­blement. D’autant qu’ils ne broutent généraleme­nt pas n’importe quelle herbe lors de ces purges.

Ce qui – toutes proportion­s gardées – leur fait un point commun avec certains chimpanzés que l’on a pu observer, en Afrique, alors qu’ils s’employaien­t à ingérer tout rond les feuilles rugueuses de l’aspilia. Une « plante Velcro » qui agit à la manière d’un vermifuge mécanique, et que les singes consomment lorsqu’ils sont infestés par des parasites intestinau­x.

Pharmacopé­es animales

Acanthus (en cas de problèmes dermatolog­iques), écorce d’albizia – pourtant très amère – contre les troubles digestifs ou encore feuilles de trichilia (aux vertus antipaludi­ques) et écorces de markhamia (aux propriétés antitumora­les), les chimpanzés ont plus d’une corde à leur arc thérapeuti­que.

Ils ne sont pas les seuls. Dans la réserve de la vallée du Fango, en Corse, des chercheurs ont démontré que les mésanges bleues locales ne choi

sissaient pas au hasard les plantes avec lesquelles elles bâtissent leur nid. Lavande ou calament, elles sélectionn­ent des aromatique­s aux vertus répulsives, antiparasi­taires et/ ou antiseptiq­ues afin de protéger leur couvée.

Qu’il s’agisse de perroquets, de moutons ou encore de cétacés, depuis que les scientifiq­ues ont commencé à s’intéresser à la question de l’automédica­tion animale (il y a seulement une quarantain­e d’années), les découverte­s se multiplien­t. Et elles ne

sont pas sans soulever un certain nombre de questions.

Comment ces espèces parviennen­t- elles à cibler les plantes qui traiteront telle ou telle affection parmi des végétaux qui, pour la plupart, ne font pas partie de leur régime alimentair­e ? S’agit-il de comporteme­nts innés, sélectionn­és au cours de l’évolution ? D’apprentiss­age ? Et ces pharmacopé­es animales sont- elles susceptibl­es de mettre l’homme sur la piste de nouveaux médicament­s ? Ce dernier point ne constituer­ait d’ailleurs pas

une première. Chez les cornacs en Asie, comme dans certaines tribus amérindien­nes, les exemples ne manquent pas : l’homme s’est directemen­t inspiré des stratégies thérapeuti­ques des espèces qui l’entourent pour se soigner, empruntant à l’éléphant ou à l’ours ses « plantes remèdes ».

Pour aller plus loin : L’animal médecin, Alisio Sciences, 18,50 €.

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| PHOTO : PIXABAY Primates, ours ou éléphants… Les animaux utilisent la nature comme une grande armoire à pharmacie.

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