Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Tout le foot gratuit ? « Possible mais très compliqué »
L’annonce avait fait sensation le 21 décembre dernier, quelques heures seulement après l’arrêt rendu par la Cour de justice de l’Union européenne allant dans le sens de la Superligue. La société A22 Sports management annonçait la gratuité du football pour les téléspectateurs. Dans un entretien accordé à Ouest- France le 22 janvier dernier, Anas Laghrari, le cofondateur de la société espagnole, avait donné quelques explications sur la manière dont le promoteur de la Superligue comptait financer une telle promesse, en évoquant notamment la publicité ciblée.
« Gmail est gratuit, WhatsApp est gratuit, Instagram est gratuit… Et pourtant, il génère beaucoup d’argent par utilisateur. Vous, à Rennes, vous ne verrez pas la même publicité que quelqu’un ici, à Madrid. » L’homme avait par ailleurs assuré qu’une solution alternative, sans publicité, serait accessible moyennant pour l’utilisateur un abonnement « d’une dizaine d’euros par mois ».
L’objectif pour A22 : générer 5 milliards d’euros de recette par saison, contre environ 3 milliards d’euros aujourd’hui pour la Ligue des champions. Calomnie, assurent les opposants à la Superligue. « En pure théorie, c’est possible, nuance Vincent Chaudel, économiste du sport. Si vous proposez une plateforme web à la Netflix, accessible à peu près partout dans le monde, vous allez vendre votre produit à un marché qui représente 8 milliards d’utilisateurs potentiels contre environ 450 millions actuellement en Europe. »
« Attention », prévient cependant le spécialiste, « c’est ambitieux et très compliqué à mettre en place ». D’abord parce que les concurrents que sont les diffuseurs traditionnels vont réagir. Ensuite, parce qu’il faudra faire connaître la plateforme – elle devrait s’appeler Unify – et surmonter les problèmes techniques et politiques selon les pays. C’est loin d’être gagné.