Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Belges et Néerlandai­s, les « Boue Brothers » rivaux

Mondiaux à Tabor (République tchèque), aujourd’hui (14 h 30). Le titre devrait revenir à un Belge ou à un Néerlandai­s. Rivaux fraternels, mais éternels, les deux camps chérissent cet antagonism­e.

- Hugo BOUVILLE.

À Tabor (République tchèque), théâtre des championna­ts du monde de cyclo- cross, une nouvelle page de la rivalité belgo- néerlandai­se pourrait s’écrire. « Ça a toujours été la guéguerre, embraye Steve Chainel, ancien crossman français désormais consultant pour Eurosport. Ce sont deux pays limitrophe­s, deux pays qui ont une longue tradition de cyclo- cross, deux pays avec des coureurs qui marchent toujours très bien. »

Si pour le champion de France de la discipline en 2018, cette rivalité est comparable « à celle entre Bretons et Normands », elle remonte à une vingtaine d’années.

L’un des acteurs de ce duel fraternel au tournant du XXIe siècle, le Belge Sven Nys, triple champion du monde, estime que la rivalité entre les supporters est « à un autre niveau », dépassant celle entre coureurs. Selon le Belge, aujourd’hui à la tête de Baloise Trek Lions, elle atteint son pinacle lors des championna­ts du monde. « Si Joris (Nieuwenhui­s), Lars (van der Haar) ou Pim (Ronhaar) gagnent aux Mondiaux, les Belges seront forcément déçus. »

Jet de bière et coup de pied

Témoin privilégié de la prise de bec entre voisins durant sa longue carrière, Steve Chainel se souvient notamment d’une édition symbolisan­t cette défiance. « Pour moi, l’ambiance la plus hostile, c’était à Hoogerheid­e (Pays- Bas), en 2009, pose le Vosgien. C’était une rivalité entre Lars

Boom et Niels Albert. Les Belges s’étaient déplacés en masse de l’autre côté de la frontière pour mettre la pression à Boom chez lui. C’était hallucinan­t. » Champion du monde 2008, Lars Boom n’a pas oublié cette course. « Tous les Belges étaient contre tous les Néerlandai­s, l’ambiance n’était donc pas très agréable », rumine le Batave, qui estime que « la presse a monté tous les supporters belges contre lui ».

Si Sven Nys, Steve Chainel et Lars Boom s’accordent pour qualifier cet

te émulation entre Néerlandai­s et Belges de « saine », « bon enfant » et « amicale », parfois, certains vont trop loin. « Lors d’une course, quelqu’un m’a jeté de la bière. Je me suis alors arrêté et j’ai discuté avec lui, rembobine le père de Thibau Nys. Je l’ai juste appelé et j’ai dit : “Hey, pourquoi tu fais ça ?” Il n’a pas réagi. Il était très embarrassé et tous les regards étaient sur lui. »

D’autres n’ont pas eu la diplomatie du Belge. « J’ai déjà vu Richard Groenendaa­l mettre un coup de

poing et Niels Albert mettre un coup de pied à un supporter », se rappelle Steve Chainel.

Ce dernier considère que « c’était souvent des gens bourrés avec l’alcool méchant qui profitaien­t de la fête ». Mais pour Nys, « ça fait partie du jeu ». Et du charme de cette rivalité fraternell­e.

Aujourd’hui. 11 h : juniors hommes ; 12 h 30 : espoirs femmes ; 14 h 30 : élite hommes.

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| PHOTO : AFP Rivaux depuis leur enfance, le Belge Wout van Aert et le Néerlandai­s Mathieu van der Poel perpétuent la rivalité entre la Belgique et les Pays-Bas dans le cyclo-cross.

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