Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

On a retrouvé notre dame de Paris !

Battue aux championna­ts d’Europe en novembre, Clarisse Agbégnénou s’est parfaiteme­nt remise à l’endroit, hier, en chipant un 7e sacre dans la capitale. Idéal à six mois des JO.

- Paris. De notre envoyé spécial Gaspard BREMOND.

Dans les travées de l’Accor Arena, tout juste redescendu­e du podium avec sa gigantesqu­e médaille d’or autour du cou, elle s’est presque directemen­t adressée à elles. « Je sais que vous, les jeunes, vous essayez de mettre la vieille dehors, mais les filles, je suis encore là ! Je vous laisserai votre temps, mais pour l’instant c’est encore moi ! »

Quelques instants plus tôt, Clarisse Agbégnénou, 31 ans, mère de famille depuis juin 2022, venait de remporter une nouvelle fois le Grand Slam de Paris en dominant la Croate Katarina Kristo. Le septième. Une jolie façon de remettre les pendules à l’heure après son Euro raté de Montpellie­r, en novembre dernier (pas de médaille). Et de prouver, donc, que l’un de ses rares échecs depuis qu’elle trône au sommet des - 63 kg n’était peut- être qu’un accident de parcours lié à un « contrecoup physique » selon son staff.

« Je suis un caméléon »

« Ce succès fait beaucoup de bien, souriait la native de Rennes, sacrée en mai dernier une sixième fois aux Mondiaux. L’année commence bien, ça remet les choses au clair pour tout le monde. Je ne pouvais pas rester sur ça, ce n’était pas moi à

l’Euro. Je suis fière d’en être arrivée là, car ça n’a pas été simple aujourd’hui (hier). Le chemin ne sera pas simple jusqu’aux JO, et ce genre de journée va me servir. »

Pas simple, c’est un euphémisme. Hier, Clarisse Agbégnénou a passé trente- deux minutes sur les tatamis, du jamais-vu pour elle. Son deuxième tour face à la Japonaise Horikawa a notamment duré… 12’38’’ ! « J’ai bien hâte d’aller prendre une bonne dou

che chaude », rigolait d’ailleurs la Française après son triomphe.

Elle qui, par le passé, gagnait sans passer beaucoup de temps sur le tapis, doit désormais se résoudre à l’emporter plus à l’usure.« Je suis un caméléon, je m’adapte », lâchait- elle, consciente sans doute qu’elle ne dispose plus de la même marge qu’avant sur ses rivales.

L’important, pour la Française, demeure donc d’être en condition.

Sur ce point, elle a paru nettement plus en forme qu’à Montpellie­r. « J’étais moins fatiguée, je me suis sentie plus libre, plus forte, plus mobile. Je ne suis pas encore à 100 % mais c’est bien. C’était aussi important de reprendre confiance… »

Elle l’a répété, encore et encore : « C’était le moment de taper du poing sur la table, j’avais mon public avec moi, et il a d’ailleurs été extraordin­aire. » On l’a vue encore davantage profiter, hier, de ce soutien. Comme si, la fin approchant, Clarisse Agbégnénou avait besoin de savourer, déjà.

« Je dois encore bosser ma rapidité »

Désormais, elle s’alignera dans un mois au Grand Slam de Tashkent, en Ouzbékista­n, et verra ensuite si l’Euro ou les Mondiaux seront à son menu d’ici les JO. L’axe de progressio­n ? « Je dois encore bosser ma rapidité », convenait- elle.

Puis il y aura les Jeux, enfin, et cette quête d’une deuxième médaille d’or en individuel, trois ans après Tokyo. « Je vois qu’ils approchent car ma fille grandit », avouait- elle. Athéna aura deux ans cet été à Paris. « Et je suis sûre d’une chose, c’est une force en plus… »

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| PHOTO : AFP Clarisse Agbégnénou, victorieus­e hier, n’était plus venue au Grand Slam de Paris depuis 2020.

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