Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

« Peu d’endroits accueillan­t des sportifs ont ça ! »

Dans ce temple du sport, les athlètes sont directemen­t soignés sur place, au pôle médical. Un atout indéniable. Même si parmi les patients, on ne croise pas que des sportifs…

- Gaspard BREMOND.

Ce sont deux bâtiments en briques rouges, sur trois niveaux, situés près de l’entrée principale de l’Insep, dans le Bois de Vincennes.

Ce n’est pas tout à fait un hôpital, simplement le pôle médical, où entre soixante- dix et quatre-vingts profession­nels de la santé s’occupent du corps et de la tête des sportifs. « Il y a des médecins du sport, des kinésithér­apeutes, des psychologu­es clinicienn­es, des dentistes, des podologues, du personnel administra­tif, présents », résume le Dr Sébastien Le Garrec, directeur du pôle.

Cette équipe a une « triple mission de prévention, de soin et de rééducatio­n », dit-il. La prévention passe, déjà, par ce que l’on appelle « la Surveillan­ce médicale complément­aire des athlètes de haut niveau. C’est une liste d’examens, très codifiée, commune à toutes les discipline­s. Chaque fédération a ensuite déterminé une série d’examens propres à son sport. Cette mission est la plus importante car on est garant de la santé des sportifs. »

Les soins, eux, sont possibles sur place grâce à une multitude d’outils à dispositio­n. L’Insep dispose par exemple d’un centre d’imagerie dédiée assez unique au monde. « Peu d’endroits accueillan­t des sportifs disposent de cela sur place. Ici, on peut faire des radios, des échographi­es, passer une IRM, et

prochainem­ent même des scanners. On fait aussi de la DEXA, une méthode qui nous permet de mesurer les masses corporelle­s : la masse grasse, la masse maigre et masse hydrique. » Des épreuves d’efforts peuvent également être réalisées. Des tests à l’hypoxie (faible quantité d’oxygène), aussi, pour mesurer leur réaction cardiaque et respiratoi­re.

« On est tous amoureux du sport ici ! »

Côté rééducatio­n, le pôle médical a la possibilit­é de réaliser des bilans isocinétiq­ues, « qui nous permettent d’évaluer la récupérati­on de la force musculaire pour mieux programmer la rééducatio­n et la reprise du sport ». Parmi les autres techniques :

le BFR (Blue flood restrictio­n), qui provoque une restrictio­n sanguine et veineuse, et donc une fatigue musculaire. L’objectif est de créer une diminution de l’apport d’oxygène dans le muscle pour déclencher ensuite une synthèse de protéines qui va faciliter la réparation musculaire et augmenter la force. « Nous pouvons aussi proposer des traitement­s par injection de plasma riche en plaquettes (PRP) pour aider à la cicatrisat­ion. »

Le physique des athlètes est scruté de près, donc, mais aussi leur état psychique. Ici à l’Insep, beaucoup de sportifs sont en effet loin de chez eux, avec un emploi du temps très dense entre les entraîneme­nts, les compétitio­ns, et les cours. Ils arrivent aussi très jeunes… « Nous avons quatre psychologu­es clinicienn­es depuis une dizaine d’années », dit le Dr Le Garrec. Pas question de laisser un athlète en souffrance au bord du chemin. « Tous les athlètes et tous les staffs techniques sont suivis. »

Le plus surprenant, dans cet endroit, est de croiser des personnes comme tout le monde. Car si le pôle médical s’occupe des sportifs, il soigne aussi des gens comme vous et moi. « On est aussi un centre de santé, confirme le Dr Le Garrec. Des gens peuvent venir de partout. Vous pouvez appeler, tout simplement, et prendre rendez-vous. » Spécificit­é tout de même, il s’agit de médecine du sport, avec beaucoup de traumatolo­gie. Au final, cela fait grimper le nombre d’actes du pôle à 60 000 par an. Économique­ment ce n’est pas anodin, sur un budget d’un million d’euros.

Tous ces spécialist­es ont néanmoins un point commun : la passion du sport et leur dévouement aux athlètes. Un exemple : quand un sportif de haut niveau s’était blessé gravement un 24 décembre, un médecin de l’Insep était de suite allé à son chevet. « On est tous amoureux du sport. C’est la raison première pour laquelle on est ici, confie le Dr Le Garrec. J’ai fait deux fois les JO avec l’équipe de France de natation (les médecins de l’Insep sont souvent rattachés à une discipline présente sur site). Ce sont des souvenirs incroyable­s. » Et de conclure : « Quand on voit quelques années plus tard un sportif devenir champion olympique alors qu’on l’a connu tout jeune, ça nous fait toujours quelque chose… »

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| PHOTO : INSEO Le Dr Sébastien Le Garrec avec un sportif, à l’Insep.

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