Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
À Kiev, ils manifestent chaque samedi pour l’armée
Après deux ans de guerre, des rassemblements hebdomadaires demandent à la municipalité de la capitale de financer davantage les soldats sur le front. Plutôt que des routes ou des parcs.
300 km
« Plutôt que des parcs »
.- F.
Devant l’imposante mairie de Kiev sur l’avenue Khreshchatyk, au coeur de la capitale ukrainienne, ils sont des centaines à se rassembler tous les samedis. Dans le froid hivernal de ce 10 février, la majorité a moins de 40 ans. Entre deux discours, ils scandent le slogan de ralliement « Groshi na ZSU » (« L’argent à l’armée »).
Comme n’importe quel pays du monde, les forces armées ukrainiennes sont d’abord financées par le ministère de la Défense. Pour 2024, ce sera l’équivalent de 45,5 milliards d’euros, soit près de la moitié du budget de l’État. Mais la guerre imposée par la Russie, depuis 2014 dans le Donbass et depuis le 24 février 2022 à tout le pays, a suscité un vaste mouvement de mobilisation. Des associations, des groupes privés mais aussi beaucoup de municipalités participent à l’effort de guerre.
Pas assez au goût de certains qui, depuis plusieurs mois, réclament que ce financement augmente. « Beaucoup de jeunes, d’étudiants, de personnes qui ne sont pas sur le front, ont conscience de leur responsabilité et du fait qu’ils doivent aider nos soldats », explique Vadim, l’un des organisateurs des mobilisations hebdomadaires à Kiev.
Pour lui, la municipalité de la capitale pourrait faire bien davantage : « Malgré la guerre, la Ville continue de percevoir taxes et impôts. Plutôt que construire de nouvelles routes ou des parcs, l’argent pourrait soutenir directement ceux qui nous défendent. La municipalité ignore nos tentatives de dialogue, mais on voit que notre initiative porte ses fruits… »
Le 29 janvier, le maire de Kiev, Vitaliy Klischko, s’est ainsi senti obligé de préciser sur sa chaîne Telegram que 10 % du budget 2023 (soit environ 172 millions d’euros) avaient été consacrés à l’aide militaire. Se sont ajoutés une enveloppe supplémentaire de 15 millions d’euros et de multiples dons d’équipement, notamment de drones, si précieux sur la ligne de front.
« J’essaie de participer au rassemblement toutes les semaines », raconte Oksana. La jeune femme de 25 ans travaille dans une organisation de lutte contre la corruption : « 20 % du budget de la ville devrait aller directement à l’armée, pour qu’il y ait davantage de transparence et de soutien aux vétérans. Nous devons soutenir notre armée par tous les moyens. »
Ilias a profité d’une permission pour se joindre au rassemblement : « C’est utile parce que les priorités de la municipalité ne sont pas les nôtres. Si on reste silencieux, l’argent ira ailleurs », dit le soldat.
À chaque fin de rassemblement, les manifestants s’agenouillent pendant une minute, en silence, en hommage aux Ukrainiens morts au combat. Le chiffre est toujours secret- défense, mais les renseignements occidentaux estiment que 70 000 à 100 000 soldats ont été tués.