Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

La bombe de la dette, gare à l’explosion !

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Depuis la crise financière de 2008 et le « quoi qu’il en coûte » lancé lors de la pandémie, notre pays s’enferre dangereuse­ment dans le cercle vicieux de l’endettemen­t. La dette « roule », comme on dit. Alors, on verra demain et on continue comme avant. On répond aux colères par la « politique du carnet de chèque ». On emprunte pour financer plus d’un tiers des dépenses de l’État.

Alors, bon an, mal an, la dette de la France grandit. Elle dépasse les 3 088 milliards d’euros. Depuis 2012, elle a augmenté trois fois plus que celle de l’Allemagne. Sur le podium des pays les plus endettés d’Europe, nous détenons la troisième place. Des créanciers étrangers possèdent plus de la moitié de notre dette.

Des économiste­s alertent : si nous ne sortons pas de cette spirale infernale, alors adieu la maîtrise de notre destin. Déjà l’étau se resserre. En 2024, on dépensera 52 milliards d’euros pour rembourser les intérêts de la dette. Cette charge va peser de plus en plus lourd au point d’arriver en tête des dépenses de l’État dans trois ans, en 2027, devant l’Éducation, la Défense, etc.

« Faut-il rappeler qu’un pays endetté à l’excès ne peut pas financer la préparatio­n de son avenir ? » rappelait le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici (1). C’est, hélas déjà le cas : seuls 7 % de notre endettemen­t total financent des investisse­ments, « nous ne préparons manifestem­ent pas l’avenir », analysait le député Michel Castellani (LIOT). « La France emprunte pour faire tourner sa machine sans pouvoir préparer l’avenir », observe aussi Agnès Verdier-Molinié, de la Fondation Ifrap.

Le président de la Cour des comptes appelle à « maîtriser intelligem­ment les dépenses » publiques. Car, « en France, nous avons une sorte de préférence nationale pour la dépense, sans réflexion suffisante pour sa qualité », expliquait-il (1). « Nous sommes le pays de la zone euro le plus dépensier, le plus taxé mais tous les services publics s’effondrent les uns après les autres », analyse Agnès Verdier-Molinié. Elle appelle à « la fin des gaspillage­s et des fuites à tous les étages qui font de la France, le pays le plus mal géré d’Europe » (2). Elle ouvre des pistes qui, comme celles proposées par le Sénat, devraient être prises en compte.

Il est temps de passer des paroles aux actes pour désendette­r le pays tout en le relançant. C’est la tâche du nouveau gouverneme­nt. L’urgence est à la maîtrise, par les ministres, des dépenses de leurs énormes machines administra­tives.

Il serait dangereux d’être à la merci des agences de notation ou de ceux qui cherchent à nous déstabilis­er. Surtout quand la guerre tonne aux frontières de l’Europe et que la haine de l’Occident grandit dans le monde. « La France est devenue avec l’Italie, le maillon faible de l’Europe », alerte Nicolas Baverez. Elle va « droit à un choc financier majeur, indissocia­ble d’une profonde crise politique » (1). Le compte à rebours est lancé.

Agissons donc sans attendre avec courage et sagesse afin d’éviter que n’explose la bombe de la dette, pour le plus grand malheur de tous.

(2) cf. Où va notre argent ? éditions de L’Observatoi­re.

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