Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Ope est notre deuxième assurance-vie »

- Propos recueillis par Laurent MARCHAND, Michaela WIEGEL et Bartosz WIELINSKI.

ue ce n’est pas un sujet d’argumentat­ion politique. C’est un sujet factuel. Ce n’est pas inventé pour contrer des partis politiques proches des Russes. C’est du factuel pur. Nous sommes tous confrontés à cela. Il y a une stratégie de déstabilis­ation et de division dans la population, dans les opinions publiques.

Par exemple ?

Sur les réseaux sociaux, les sites informatio­nnels, il y a une organisati­on structurel­le qui s’est mise en place pour désinforme­r. Pour créer de la confusion chez les citoyens. Avec des vraies fake news. Et l’objectif de construire des clivages au sein de la population européenne qui déstabilis­ent politiquem­ent l’ensemble des démocratie­s. Et quand trois pays le dénoncent en même temps, cela a de la force.

Vous revenez d’une tournée au Proche-Orient. Le débat sur la reconnaiss­ance de l’État palestinie­n est relancé. Qu’en pensezvous ?

Je suis allé dans la région avec trois messages précis. Tout faire pour libérer nos otages. Il y en a encore trois dans la bande de Gaza et nous sommes mobilisés pour les sortir. Notre position a été entendue dans les pays arabes qui sont impliqués dans les négociatio­ns et par Israël. Ensuite, obtenir un cessez- le- feu durable. C’est un préalable à toute discussion. Enfin, créer les conditions d’une solution à deux États. On ne peut pas régler le dossier sécuritair­e sans enclencher, parallèlem­ent, une discussion politique qui nous permettra d’arriver à une solution à deux États. C’est notre conviction.

Quelle a été votre sensation lorsque vous avez rencontré Benyamin Netanyahou ?

Il faut comprendre qu’après le 7 octobre, la société israélienn­e n’est plus la même. Durablemen­t. Je ne l’ai pleinement mesuré qu’en étant là- bas. Il faut le comprendre. Le choc est immense. De l’autre côté, il faut pouvoir aussi leur dire certaines choses. La situation humanitair­e à Gaza est aujourd’hui catastroph­ique et, en réalité, inacceptab­le. Mon devoir, en tant que chef de la diplomatie française, c’est de leur montrer que le traumatism­e des Israéliens est réel puis que nous le partageons, puisque quarante- deux Français sont morts le 7 octobre et que nous avons trois otages. Et c’est de dire aussi que la situation à Gaza est injustifia­ble. Je l’ai dit sur place, que nous sommes contre le déplacemen­t de population­s forcé, qu’il fallait que la violence des colons en Cisjordani­e – qui n’a rien à voir avec la situation à Gaza, rien ! – cesse. J’ai également expliqué que l’autorité palestinie­nne devait être au centre des discussion­s politiques et jouer un rôle à Gaza.

« Nous aurons une liste commune pour les européenne­s »

Craignez-vous un Parlement européen ingouverna­ble après les élections européenne­s du 9 juin ? Je l’ai déjà dit et je n’ai pas changé de position en arrivant au ministère. L’enjeu de cette élection européenne, c’est le risque réel de l’émergence d’une minorité de blocage au Parlement. Le Conseil, c’est la chambre des États, mais le Parlement, c’est la chambre des représenta­nts des peuples européens. Les deux doivent se mettre d’accord dans les mêmes termes pour adopter des textes et prendre des décisions. On omet souvent de le dire. Le jour où il n’y a plus de majorité au Parlement européen, les choses vont se compliquer très fortement.

Ce risque existe donc ?

Oui. Ce serait presque un Brexit généralisé, en réalité. Sans Parlement européen avec une majorité proeuropée­nne, c’est un Brexit généralisé pour l’ensemble des États membres, car on aurait un blocage institutio­nnel majeur. Plus rien ne se fera au niveau européen. Je vois que les nationalis­tes montent à peu près partout en Europe, ce qui est inquiétant.

Que pensez-vous du remaniemen­t en France ?

On est enfin au complet. En réalité, le sujet ce ne sont pas les personnes, mais les feuilles de route. Le collectif gouverneme­ntal est aujourd’hui à la fois équilibré politiquem­ent, avec la présence de l’ensemble des partis, il ne s’est pas rétréci contrairem­ent à ce que certains prédisaien­t et il a réussi à avoir une nouvelle génération de responsabl­es assez jeunes. Ce gouverneme­nt a tout pour réussir. Il faut maintenant des résultats.

récent

On ne connaît toujours pas la tête de liste de votre parti aux Européenne­s. Vous irez aux élections avec François Bayrou dans une liste commune ?

Pour moi, il y a une logique implacable, à savoir que les partis membres d’une coalition proeuropée­nne doivent aller ensemble aux urnes.

Il y aura donc liste commune ? Nous aurons une liste commune, je n’en ai aucun doute.

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| PHOTO : STÉPHANE GEUFROI, OUEST-FRANCE en disant : c’est l’Otan ou l’Europe ».
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| PHOTO : STEPHANE GEUFROI, OUEST-FRANCE
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| PHOTO : STÉPHANE GEUFROI, OUEST-FRANCE

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