Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Ope est notre deuxième assurance-vie »
ue ce n’est pas un sujet d’argumentation politique. C’est un sujet factuel. Ce n’est pas inventé pour contrer des partis politiques proches des Russes. C’est du factuel pur. Nous sommes tous confrontés à cela. Il y a une stratégie de déstabilisation et de division dans la population, dans les opinions publiques.
Par exemple ?
Sur les réseaux sociaux, les sites informationnels, il y a une organisation structurelle qui s’est mise en place pour désinformer. Pour créer de la confusion chez les citoyens. Avec des vraies fake news. Et l’objectif de construire des clivages au sein de la population européenne qui déstabilisent politiquement l’ensemble des démocraties. Et quand trois pays le dénoncent en même temps, cela a de la force.
Vous revenez d’une tournée au Proche-Orient. Le débat sur la reconnaissance de l’État palestinien est relancé. Qu’en pensezvous ?
Je suis allé dans la région avec trois messages précis. Tout faire pour libérer nos otages. Il y en a encore trois dans la bande de Gaza et nous sommes mobilisés pour les sortir. Notre position a été entendue dans les pays arabes qui sont impliqués dans les négociations et par Israël. Ensuite, obtenir un cessez- le- feu durable. C’est un préalable à toute discussion. Enfin, créer les conditions d’une solution à deux États. On ne peut pas régler le dossier sécuritaire sans enclencher, parallèlement, une discussion politique qui nous permettra d’arriver à une solution à deux États. C’est notre conviction.
Quelle a été votre sensation lorsque vous avez rencontré Benyamin Netanyahou ?
Il faut comprendre qu’après le 7 octobre, la société israélienne n’est plus la même. Durablement. Je ne l’ai pleinement mesuré qu’en étant là- bas. Il faut le comprendre. Le choc est immense. De l’autre côté, il faut pouvoir aussi leur dire certaines choses. La situation humanitaire à Gaza est aujourd’hui catastrophique et, en réalité, inacceptable. Mon devoir, en tant que chef de la diplomatie française, c’est de leur montrer que le traumatisme des Israéliens est réel puis que nous le partageons, puisque quarante- deux Français sont morts le 7 octobre et que nous avons trois otages. Et c’est de dire aussi que la situation à Gaza est injustifiable. Je l’ai dit sur place, que nous sommes contre le déplacement de populations forcé, qu’il fallait que la violence des colons en Cisjordanie – qui n’a rien à voir avec la situation à Gaza, rien ! – cesse. J’ai également expliqué que l’autorité palestinienne devait être au centre des discussions politiques et jouer un rôle à Gaza.
« Nous aurons une liste commune pour les européennes »
Craignez-vous un Parlement européen ingouvernable après les élections européennes du 9 juin ? Je l’ai déjà dit et je n’ai pas changé de position en arrivant au ministère. L’enjeu de cette élection européenne, c’est le risque réel de l’émergence d’une minorité de blocage au Parlement. Le Conseil, c’est la chambre des États, mais le Parlement, c’est la chambre des représentants des peuples européens. Les deux doivent se mettre d’accord dans les mêmes termes pour adopter des textes et prendre des décisions. On omet souvent de le dire. Le jour où il n’y a plus de majorité au Parlement européen, les choses vont se compliquer très fortement.
Ce risque existe donc ?
Oui. Ce serait presque un Brexit généralisé, en réalité. Sans Parlement européen avec une majorité proeuropéenne, c’est un Brexit généralisé pour l’ensemble des États membres, car on aurait un blocage institutionnel majeur. Plus rien ne se fera au niveau européen. Je vois que les nationalistes montent à peu près partout en Europe, ce qui est inquiétant.
Que pensez-vous du remaniement en France ?
On est enfin au complet. En réalité, le sujet ce ne sont pas les personnes, mais les feuilles de route. Le collectif gouvernemental est aujourd’hui à la fois équilibré politiquement, avec la présence de l’ensemble des partis, il ne s’est pas rétréci contrairement à ce que certains prédisaient et il a réussi à avoir une nouvelle génération de responsables assez jeunes. Ce gouvernement a tout pour réussir. Il faut maintenant des résultats.
récent
On ne connaît toujours pas la tête de liste de votre parti aux Européennes. Vous irez aux élections avec François Bayrou dans une liste commune ?
Pour moi, il y a une logique implacable, à savoir que les partis membres d’une coalition proeuropéenne doivent aller ensemble aux urnes.
Il y aura donc liste commune ? Nous aurons une liste commune, je n’en ai aucun doute.