Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Artichauts, oignons… Ces légumes fo
La Bretagne est une terre légumière incontournable, avec ses légumes stars comme l’artichaut, l’oignon ou encore la carotte. Tour d’horizon de ces productions locales.
En matière de légumes, les agriculteurs bretons – en particulier ceux de la « ceinture dorée », sur la côte septentrionale – ont acquis une grande réputation. Artichauts, choux-fleurs, oignons et échalotes en sont les productions les plus emblématiques.
Depuis plus de deux siècles, les légumes ont fait la renommée du littoral du Léon et des régions voisines du Trégor et du Goëlo. Bénéficiant de la douceur du climat local et de l’apport régulier de goémon, les terres de ce petit territoire ont été décrites comme un véritable paradis légumier.
Dans son Voyage dans le Finistère, un état des lieux du département qu’il réalise en 1794-1795, Jacques Cambry note : « Les habitants de Roscoff cultivent la terre la plus riche, la plus féconde ; elle produit une incroyable quantité de légumes de toutes espèces, qui naissent en plein champ. » À la fin du XIXe siècle, le journaliste Victor Ardouin-Dumazet, l’auteur du Voyage en France, n’est pas moins enthousiaste lorsqu’il écrit que les champs de choux ont « une étendue prodigieuse » et que la vision des « champs couverts des têtes énormes des artichauts est extraordinaire ». ranéen. D’abord cultivé en Tunisie, Espagne, Sicile et Italie, il a été introduit en France au XVIe siècle (mais pas par Catherine de Médicis, contrairement à une légende tenace).
En déclin depuis 1970
En Bretagne, l’artichaut n’est attesté qu’à la fin du XVIIIe siècle : on le cultive en plein champ à Roscoff ainsi que dans les jardins de Pont-l’Abbé (Sud-Finistère). La variété aujourd’hui la plus répandue est le camus : cet artichaut tardif, à grosses têtes vertes, a été créé en 1810.
Légume de luxe à l’origine, l’artichaut va peu à peu se démocratiser. En Bretagne, l’apogée de sa culture est atteint au début des années 1970 (100 000 tonnes). Mais depuis, il connaît un déclin ininterrompu : concentrée sur le littoral du Nord- Finistère et des Côtes- d’Armor, la production n’a pas dépassé 13 000 tonnes en 2022, après avoir chuté de 67 % en seulement douze ans. Elle représente encore près des deux tiers de la production française (le reste provient des Pyrénées- Orientales).
La demande est en baisse : la consommation n’atteint pas 500 grammes par Français et par an, contre 8 kg en Italie. Les jeunes boudent ce légume long à préparer. Récemment, la crise s’est encore accentuée avec l’importation à bas prix de fonds d’artichauts en provenance du Pérou et d’Égypte. Les producteurs bretons de ce légume très coûteux en travail ne parviennent plus à écouler la totalité de leur récolte, et les prix de vente sont au plus bas.
Originaire du Proche- Orient, le chou-fleur était très apprécié par les Grecs et les Romains de l’Antiquité. Il était en revanche méprisé par les élites sociales françaises du Moyen Âge et n’est réapparu à la table des nobles qu’à partir de la Renaissance, sous l’influence des Italiens qui, eux, l’adoraient.
La Bretagne assure 84 % de la production française
En Bretagne, sa culture est attestée à la fin du XVIIIe siècle dans les alentours de Roscoff, de Pont-l’Abbé et de Saint-Brieuc (Côtes- d’Armor). Au début du XXe siècle, la production prend son essor dans le Léon et elle explose après la Seconde Guerre mondiale.
Grâce au climat local doux et humide, le chou-fleur peut y être récolté toute l’année (manuellement, à l’aide d’un grand couteau) mais sa pleine saison s’étend de novembre à avril. En 2022, la Bretagne a assuré 84 % de la production française.