Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

DGreen Border, une histoire de réfugiés déchirante

Pour la puissance. La cinéaste polonaise Agnieszka Holland interpelle sur le sort des réfugiés, dans ce film choc notamment axé sur une famille syrienne ballottée entre Biélorussi­e et Pologne.

- Pascale VERGEREAU.

Le générique. Agnieszka Holland, 75 ans, défend toujours avec énergie « le cinéma de l’inquiétude morale », mouvement né dans son pays, la Pologne, en 1970. Son film très documenté sonne comme un appel à plus d’humanité envers les réfugiés qui frappent aux frontières de l’Europe. L’actrice franco-iranienne Behi Djanati Ataï (qui joue dans le film) l’a aidée à réunir le casting, où figure notamment l’acteur syrien Jalal Altawil.

La durée. 2 h 27. Le genre. Drame.

L’histoire. Elle démarre dans un avion biélorusse. À bord, une famille syrienne fuyant la guerre (le père, la mère, le grand- père et trois enfants). À l’arrivée, à Minsk, où un taxi doit les attendre pour leur faire traverser la Pologne et rejoindre la Suède, rien ne se passe comme prévu. Ils se retrouvent coincés, avec des dizaines d’autres réfugiés venus de Syrie, d’Irak ou d’Afghanista­n, dans une zone marécageus­e, à la merci de militaires ultraviole­nts. Le film suit aussi un gardefront­ière polonais à qui on a mis dans le crâne que « ces gens sont des balles vivantes envoyées par Poutine et Loukachenk­o ». Et une psychologu­e vivant près de la fontière.

On aime

La force du noir et blanc. La caméra au plus près des visages d’acteurs bouleversa­nts de vérité. Le chapitrage et la multiplici­té des points de vue.

Des éclairs d’espoir amenés par les actions des humanitair­es dans une histoire par ailleurs sans concession sur la cruauté humaine, l’impuissanc­e de l’Europe.

On aime moins

C’est peu de le dire : la campagne de haine contre Agnieszka Holland attisée par le PiS (le parti nationalis­te) à la sortie du film en Pologne, en septembre, en pleine campagne des législativ­es. Élections que la droite dure a depuis perdues.

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| PHOTO : AGATA KUBIS Des acteurs bouleversa­nts de vérité, à commencer par les enfants, incarnent les réfugiés ballottés, violentés, à la frontière entre la Pologne et la Biélorussi­e.

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