Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

La révélation

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Cotonete

Victoire de la musique Heavenly Sweeness 9 titres, 62 min.

Jazz-funk. Intituler son deuxième album Victoire de la musique dit de l’état d’esprit qui anime ce collectif parisien vieux d’une vingtaine d’années. Et qui sait prendre son temps – quinze ans pour sortir le premier, Super-Vilains – avant de passer à la phase studio. Le résultat ? Un voyage trépidant dans les seventies, une heure sans temps mort. Le jazzfunk de Cotonete, c’est du groove à la sauce brésilienn­e porté, pulsé par une section de quatre cuivres en feu et des claviers rétro-futuristes. C’est aussi une influence à la Herbie Hancock assumée et même revendiqué­e. Ses deux fondateurs, le saxophonis­te Frank Chatona et le claviérist­e Florian Pellissier, ont le bon goût de varier les plaisirs en recourant aux voix du soulman texan Leron Thomas dans un incandesce­nt Day in, day out, du dandy anglais Omar et de Sabrina Malheiros. Sans jamais dévier de leur ligne directrice : leur octette joue une musique généreuse, chaude et métissée, faite pour la scène (et la piste), bienvenue dans les frimas de l’hiver. (Yvan Duvivier)

Rock. Vous vous souvenez du Canada Dry ? Son nom sonne comme de l’alcool… mais ce n’est pas de l’alcool. Avec The Smile, c’est la même chose. Ça sonne (un peu) comme Radiohead… mais ce n’est pas (tout à fait) Radiohead. C’est même mieux, diront certains ! Après un premier album convaincan­t en 2022, Thom Yorke, voix tourmentée, et Jonny Greenwood, guitare torturée, remettent le couvert en compagnie du batteur Tom Skinner (Sons of Kemet). Les allergique­s au timbre suppliant de Thom Yorke passeront leur chemin, les autres se laisseront emporter par la musique tout à la fois étrange et familière du trio. The Smile, le sourire ? Oui, mais jaune, tant les chansons de Wall of Eyes affichent un inconfort perpétuel même si certains titres dégagent une légèreté inhabituel­le. Pas de tube à l’horizon pour autant mais un savant équilibre entre mélodies acrobatiqu­es et rythmiques obsédantes. De quoi rendre hypothétiq­ue une éventuelle reformatio­n tant Thom Yorke et Jonny Greenwood semblent s’épanouir ailleurs. (Philippe Mathé)

Soul/R’n’B. Difficile de ranger Brittany Guerin, la chanteuse de Louisiane, dans une case. Soul, pop, R’n’B, country, jazz… En fait, c’est un melting-pot musical de La Nouvelle- Orléans, avec des trouées lumineuses dans un ciel tempétueux, comme ces cuivres qui percent l’atmosphère brumeuse de cabarets au petit matin. Tout a commencé par une vidéo enregistré­e dans sa chambre, Britti s’accompagne à la guitare. Un certain Dan Auerbach (la moitié des Black Keys et boss du label Easy Eye Sound) l’invite en studio à Nashville. La jeune femme sort d’une rupture sentimenta­le douloureus­e. Et ça s’entend. Ce premier album est l’aboutissem­ent de rêves et de galères. « D’après ma mère, je chantais avant même de parler. Chanter est ma passion et c’est aussi un but dans ma vie. » Mission superbemen­t accomplie pour un coup d’essai. Dolly Parton et Diana Ross veillent sur la jeune étoile. Sade n’est pas loin non plus. Nous sommes enchantés de faire votre connaissan­ce Britti. (Jean-Marc Pinson)

Classique. La musique de Paul Colomb est belle… Alors, certes, le compositeu­r d’origine nazairienn­e – qui tourne un peu partout dans le monde – s’appuie sur l’un des instrument­s les plus mélodiques qui soit, le violoncell­e. Et il s’est, avec le Bleue Quintet, entouré de quatre autres violoncell­istes rejoints par un directeur artistique, le Nantais Grégoire Vaillant, artiste multidisci­plinaire avec qui Paul Colomb développe son idée d’associer violoncell­e et musique électroniq­ue. Voilà pourquoi cet album nous plaît tant, objet hybride entre musique de chambre et pulsations électro. Comme dans Outback qui développe à la fois une mélodie tournant comme un gimmick, des glissement­s nerveux de cordes et un battement obsessionn­el. Comme dans Mirage, qui pourrait être froidement dansant si le lyrisme des cordes n’adoucissai­t l’ensemble. C’est d’ailleurs la douceur, le côté rêveur, le romantisme parfois qui l’emporte, avec quelques incursions bienvenues vers les musiques du monde. Une réussite. (Michel Troadec)

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