Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Morgane Moncomble, une romance d’aujourd’hui

Livre. L’écrivaine est la cheffe de file d’une « nouvelle romance » qui cartonne chez les jeunes. Elle revient avec Seasons, une saga sentimenta­le qui se déploie à travers les saisons.

- Camille DA SILVA.

Il est loin le temps où Morgane Moncomble écrivait des histoires dans sa chambre d’adolescent­e. Aujourd’hui, quand cette grande timide met un pied en librairie, elle retrouve ses romans sur l’étagère des meilleures ventes. « Je ne réalise toujours pas, confie la Parisienne en redressant ses lunettes rondes. Je suis hyperfière pour la Morgane de 12 ans qui pensait que c’était juste un rêve mais… j’ai toujours l’impression de faire tache. »

Pourtant, les chiffres sont là. À seulement 28 ans, et avec une dizaine de livres publiés par Hugo Roman, Morgane totalise pas moins de 500 000 exemplaire­s vendus rien qu’en 2023. Un tour de force qui lui vaut la dixième place des plus gros vendeurs du pays, juste derrière… Marc Levy. « C’est dingue », insiste-telle, un sourire presque coupable aux lèvres.

« Dans l’air du temps »

Son truc ? La « New Romance » et le « Young Adult ». Comprenez : « Une romance moderne, destinée aux 15-30 ans, avec des personnage­s assez jeunes et des problémati­ques actuelles, dans l’air du temps, explique l’autrice rencontrée à Paris, chez son éditeur. On parle de beaucoup de choses, sans tabou, et notamment de sexualité. »

Dans sa nouvelle série de livres, Seasons, l’écrivaine explore les zones d’ombre et de lumière de notre époque, à travers des histoires d’amour fougueuses et saisonnièr­es : le tome I, Un automne pour te pardonner, pose la question du harcèlemen­t scolaire et de ses conséquenc­es. Un hiver pour te résister, le tome II, évoque la résilience et le handicap. « J’aborde des thématique­s qui me tiennent à coeur, analyse l’intéressée. J’étais une adolescent­e très mal dans sa peau, pas vraiment sociable. L’écriture a été cathartiqu­e, thérapeuti­que, les gens se sont reconnus. Alors maintenant que j’ai une voix, j’essaye de ne pas la gâcher. »

Franchise et fêlures nourrissen­t cette plume délicate qui séduit les jeunes, en particulie­r les filles, qui se passent le mot sur leur réseau préféré, TikTok, nouvel incubateur de succès littéraire­s. « Contrairem­ent aux idées reçues, les jeunes lisent ! martèle la jeune femme aux plus de 100 000 abonnés. D’ailleurs, beaucoup de parents viennent me voir en dédicace pour me remercier de faire lire leurs enfants. »

À l’origine du succès, il y a cette gamine de 12 ans, fan d’Harry Potter et dotée d’une imaginatio­n débordante. Les histoires s’accumulent dans sa tête, alors pas le choix, il faut les poser sur papier pour s’en libérer. « Ça me démangeait, affirme la romancière originaire d’Argenteuil (Val- d’Oise). Pourtant, je n’ai pas grandi dans un milieu littéraire. Mon père est chef de travaux et ma mère assistante de formation. À la maison, on me répétait que l’écriture c’était bien, mais que ça restait un hobby, qu’on ne pouvait pas en faire son métier. »

Peu importe. L’adolescent­e se passionne, s’entête même, et vers ses 19 ans elle publie un premier texte sur la plateforme d’écriture en ligne Watt

« Le syndrome de l’imposteur »

L’une de ses lectrices décide d’envoyer son manuscrit au label Hugo Roman, de la maison d’édition Hugo Publishing, qui lui propose un contrat en 2018, alors qu’elle termine à peine son master de Lettres modernes. « Sur le moment, je me suis demandé si c’était une caméra cachée. J’avais l’impression qu’ils faisaient une erreur. C’est le syndrome de l’imposteur. »

L’éditeur parisien, lui, ne doute pas, flairant la force qu’Internet va donner au papier. « Avant même d’être publiée, j’avais une communauté très engagée en ligne, confirme Morgane. C’est comme des copines, qui me suivent depuis le début. Je n’aurais pas connu le même succès sans cette relation de proximité que j’entretiens à travers les réseaux sociaux. »

Pourtant, malgré son ampleur, le phénomène de la « New Romance » reste encore peu connu, passant sous les radars publics et médiatique­s. « Je trouve ça dommage, déplore l’écrivaine. On dirait que les gens font exprès d’être aveugles… La romance reste stigmatisé­e, méprisée par certains lecteurs ou médias. J’ai l’impression que dès qu’on parle d’amour, c’est moins bien parce qu’on associe ça aux femmes. Mais c’est loin d’être une sous-littératur­e. »

Seasons : Un automne pour te pardonner, Un hiver pour te résister, Un printemps pour te succomber (sortie en mars), Un été pour te retrouver (sortie en juin), chez Hugo Publishing, 17 € par tome.

 ?? | PHOTO : NICOLAS MARQUÈS, OUEST-FRANCE ?? Morgane Moncomble est l’autrice de plusieurs best-sellers comme « L’as de coeur » ou « Nos âmes tourmentée­s ». pad. « Une romance, parce que j’aime l’amour, forcément », sourit- elle. Viens, on s’aime rencontre un franc succès, les lecteurs virtuels se multiplien­t. « J’écrivais au feeling, sur le principe du roman-feuilleton, en postant un chapitre par semaine. »
| PHOTO : NICOLAS MARQUÈS, OUEST-FRANCE Morgane Moncomble est l’autrice de plusieurs best-sellers comme « L’as de coeur » ou « Nos âmes tourmentée­s ». pad. « Une romance, parce que j’aime l’amour, forcément », sourit- elle. Viens, on s’aime rencontre un franc succès, les lecteurs virtuels se multiplien­t. « J’écrivais au feeling, sur le principe du roman-feuilleton, en postant un chapitre par semaine. »
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France