Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Mathias Pereira Lage, inspiré par les sprinteurs
L’ailier du Stade Brestois a surpris en étant désigné le joueur le plus rapide de la phase aller de Ligue 1 devant Kylian Mbappé notamment. Pourtant tout sauf un hasard.
Ses premiers ballons, Mathias Pereira Lage les a touchés de la main. Dans le jardin familial puis sur les terrains avec sa première licence, l’actuel ailier du Stade Brestois a commencé le football dans le but, comme gardien. « Quand j’étais petit, j’aimais beaucoup Vítor Baía (gardien emblématique du FC Porto et de l’équipe nationale du Portugal dans les années 1990-2000), raconte le Franco- Portugais. J’étais fan de lui. Quand on partait en vacances avec mes parents, je leur réclamais toujours son maillot. Du coup, j’ai voulu être gardien pendant deux ans. »
Autant dire que ce ne sont pas ses premiers éducateurs au club de Clermont Saint- Jacques qui auraient pu déceler ses qualités de sprinteur. On imagine donc leur surprise quand ils ont dû voir apparaître le nom de leur ancien pensionnaire trôner tout en haut du classement des joueurs les plus rapides de la première moitié de saison de Ligue 1. Il faut reconnaître qu’ils n’étaient pas les seuls incrédules. Surtout quand les concurrents s’appellent Kylian Mbappé, PierreEmerick Aubameyang ou Moses Simon, des joueurs réputés pour leur pointe de vitesse.
« J’essaye de gratter deux ou trois trucs »
« Ça a étonné beaucoup de monde, moi le premier, commente Pereira Lage. Après, je sais que je suis quelqu’un de rapide. Même si je ne pensais pas passer la barre des 35 ou 36 km/h. Des fois, avec un peu de vent, ça peut aider (rires). » Il est vrai que les conditions météo étaient tempétueuses le 3 décembre dernier, quand le Brestois a atteint les 36,35 km/h lors de la victoire contre son club formateur, Clermont (3- 0).
Mais sa qualité de vitesse ne vient pas de nulle part. Une « prédisposition » que le joueur de 27 ans a travaillée pour en faire un atout, en s’inspirant même des spécialistes du sprint. « Ça m’arrive des fois l’été d’aller observer des athlètes à Clermont- Ferrand, pour analyser la démarche, leur travail, la technique de course. J’essaye de gratter deux ou trois trucs. »
Lors de la fin de son passage au Sco Angers (2019-2022), Mathias Pereira Lage avait même mis en place une préparation spécifique avec le préparateur physique Alan Berrou, aujourd’hui membre du staff de Thierry Henry en équipe de France Espoirs.
Un duel d’endurance avec Haris Belkebla
Mais au- delà de la vitesse pure, c’est la dimension athlétique dans son ensemble qui caractérise le joueur.
Son gros volume de jeu avait d’ailleurs impressionné dans le vestiaire à son arrivée au Stade Brestois à l’été 2022. Jusqu’à concurrencer la référence dans le domaine, Haris Belkebla (Brestois de 2018 à 2023). « Quand je suis arrivé, on m’a dit : “C’est Haris qui va gagner le vameval (un test d’effort par paliers).” Mais on s’est tenu jusque dans la dernière minute, puis il a pris 10 mètres sur moi. Il m’a dit qu’il espérait pouvoir s’arrêter plus tôt mais qu’il n’avait pas pu à cause de moi (rires). »
Une endurance qu’il doit notamment à sa polyvalence sur le terrain. « J’ai beaucoup joué au milieu de terrain. J’aime bien le box to box. Dès le plus jeune âge, j’adorais faire des allers- retours sur le terrain, défendre, attaquer. »
Reste que Mathias Pereira Lage est un footballeur, pas un athlète. Désormais fixé au poste d’ailier cette saison, il pense le travail physique comme une façon d’enrichir sa panoplie de joueur. « Je suis plutôt complet, je peux être rapide, jouer dans les pieds, frapper de loin, être dans la surface, énumère-t-il. Ce sont des qualités que j’essaie de travailler et de peaufiner au quotidien, pour ne pas me baser sur une seule force. » À Clermont, le 3 décembre dernier, il avait aussi démontré ses qualités techniques en envoyant une reprise de volée du pied gauche dans la lucarne du gardien adverse.