Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
La Côte d’Ivoire vise un sacre à la maison
Coupe d’Afrique des nations (finale). Nigeria - Côte d’Ivoire, ce soir (21 h). La pression populaire a d’abord fait vaciller les Éléphants, avant de les propulser à une marche d’un titre à domicile.
La Coupe d’Afrique des nations est escortée par son lot de malédictions. L’une d’entre elles, qui veut que le tenant du titre ne dépasse pas les huitièmes de finale depuis 2010, s’est confirmée cette année, avec l’élimination prématurée du Sénégal à ce stade de la compétition (1-1, 5- 4 tab). La Côte d’Ivoire a profité de cette rencontre pour enfin lancer son tournoi à domicile. Et mettre finalement fin à une absence de 18 ans du pays hôte en finale, après l’Égypte en 2006.
Le tout après avoir mis un pied dans la tombe à l’issue de la phase de groupes. « On ressent surtout cette pression pendant les premiers matches, avec cette obligation de se qualifier, se souvient Mehdi Nafti, vainqueur du tournoi à domicile avec la Tunisie, en 2004. Pour nous, c’était un peu tendu, on avait un peu le frein à main. On a commencé à se lâcher au moment des quarts. »
Contrairement aux Éléphants, les Tunisiens réussissent malgré tout leur entame et dominent le groupe A, évoluant systématiquement devant les 60 000 spectateurs du stade olympique de Radès mais restant particulièrement isolés en dehors des rencontres. Un contexte favorable, loin du chaos public et médiatique ayant conduit Jean-Louis Gasset à quitter le banc ivoirien en plein tournoi.
« Il faut dire aussi que la Tunisie a eu la chance d’avoir un sélectionneur comme Roger Lemerre, souligne Alaeddine Yahia, présent lors de l’unique sacre des Aigles de Carthage et aujourd’hui recruteur pour l’académie du RC Lens. Tout était carré, ficelé, les joueurs ne parlaient qu’en conférence de presse. Quand tu participes à une compétition comme celle-là, l’essentiel est de rester concentré. »
« En Afrique, tout est multiplié par 10, par 100 »
« Pour avoir connu la CAN précédente au Mali, en 2002, c’était la foire, complète Mehdi Nafti, entraîneur de l’AD Alcorcon, en deuxième division espagnole. Les journalistes rentraient dans l’hôtel, dans les chambres des joueurs. »
En proie au tumulte après les poules, avec des joueurs insultés et des bus caillassés, Abidjan s’est désormais épris des Éléphants d’Émerse Faé, après trois victoires sur le fil dans le tableau final face au Sénégal, au Mali et à la République démocratique du Congo. « En Afrique, tout est multiplié par 10, par 100, analyse Chérif Oudjani, lui aussi titré à domicile en 1990, avec l’Algérie. On ressent la très grosse attente des médias, du public, de tout l’environnement autour. L’émotivité a pu les tétaniser et peser dans leurs contre-performances. »
Jusqu’à les accompagner, les transcender peut- être, vers une finale face au Nigeria, vainqueur d’un premier duel en poules mi-janvier (1- 0). « Le stade rempli à ras bord, 60 000 personnes qui hurlent, c’est sûr que ça met une grosse pression quand vous entrez sur la pelouse, se remémore Chérif Oudjani, auteur de l’unique but en finale face aux Super Eagles. Au coup de sifflet final, c’était la liesse, ça chantait partout, ça courait, il y avait un boucan phénoménal. »
Quinzième pays hôte à rallier la finale dans l’histoire du tournoi, la Côte d’Ivoire devra imiter ce que onze équipes ont accompli avant elle pour connaître pareille ivresse.
NIGERIA : Nwabali – Aina, TroostEkong, Ajayi, Bassey, Sanusi – Onyeka, Iwobi – Chukwueze, Osimhen, Lookman.
CÔTE D’IVOIRE : Fofana – Singo, Ndicka, Boly, Konan – Seri, Kessie, Pepe, Fofana, Adingra – Haller.
Petite finale. Afrique du Sud Congo : 0- 0 (6-5 tab).
- RD
Coupe d’Asie. Le Qatar a battu la Jordanie (3-1), hier, en finale et conserve son titre à domicile.