Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

La Côte d’Ivoire vise un sacre à la maison

Coupe d’Afrique des nations (finale). Nigeria - Côte d’Ivoire, ce soir (21 h). La pression populaire a d’abord fait vaciller les Éléphants, avant de les propulser à une marche d’un titre à domicile.

- Antoine RIPOCHE.

La Coupe d’Afrique des nations est escortée par son lot de malédictio­ns. L’une d’entre elles, qui veut que le tenant du titre ne dépasse pas les huitièmes de finale depuis 2010, s’est confirmée cette année, avec l’éliminatio­n prématurée du Sénégal à ce stade de la compétitio­n (1-1, 5- 4 tab). La Côte d’Ivoire a profité de cette rencontre pour enfin lancer son tournoi à domicile. Et mettre finalement fin à une absence de 18 ans du pays hôte en finale, après l’Égypte en 2006.

Le tout après avoir mis un pied dans la tombe à l’issue de la phase de groupes. « On ressent surtout cette pression pendant les premiers matches, avec cette obligation de se qualifier, se souvient Mehdi Nafti, vainqueur du tournoi à domicile avec la Tunisie, en 2004. Pour nous, c’était un peu tendu, on avait un peu le frein à main. On a commencé à se lâcher au moment des quarts. »

Contrairem­ent aux Éléphants, les Tunisiens réussissen­t malgré tout leur entame et dominent le groupe A, évoluant systématiq­uement devant les 60 000 spectateur­s du stade olympique de Radès mais restant particuliè­rement isolés en dehors des rencontres. Un contexte favorable, loin du chaos public et médiatique ayant conduit Jean-Louis Gasset à quitter le banc ivoirien en plein tournoi.

« Il faut dire aussi que la Tunisie a eu la chance d’avoir un sélectionn­eur comme Roger Lemerre, souligne Alaeddine Yahia, présent lors de l’unique sacre des Aigles de Carthage et aujourd’hui recruteur pour l’académie du RC Lens. Tout était carré, ficelé, les joueurs ne parlaient qu’en conférence de presse. Quand tu participes à une compétitio­n comme celle-là, l’essentiel est de rester concentré. »

« En Afrique, tout est multiplié par 10, par 100 »

« Pour avoir connu la CAN précédente au Mali, en 2002, c’était la foire, complète Mehdi Nafti, entraîneur de l’AD Alcorcon, en deuxième division espagnole. Les journalist­es rentraient dans l’hôtel, dans les chambres des joueurs. »

En proie au tumulte après les poules, avec des joueurs insultés et des bus caillassés, Abidjan s’est désormais épris des Éléphants d’Émerse Faé, après trois victoires sur le fil dans le tableau final face au Sénégal, au Mali et à la République démocratiq­ue du Congo. « En Afrique, tout est multiplié par 10, par 100, analyse Chérif Oudjani, lui aussi titré à domicile en 1990, avec l’Algérie. On ressent la très grosse attente des médias, du public, de tout l’environnem­ent autour. L’émotivité a pu les tétaniser et peser dans leurs contre-performanc­es. »

Jusqu’à les accompagne­r, les transcende­r peut- être, vers une finale face au Nigeria, vainqueur d’un premier duel en poules mi-janvier (1- 0). « Le stade rempli à ras bord, 60 000 personnes qui hurlent, c’est sûr que ça met une grosse pression quand vous entrez sur la pelouse, se remémore Chérif Oudjani, auteur de l’unique but en finale face aux Super Eagles. Au coup de sifflet final, c’était la liesse, ça chantait partout, ça courait, il y avait un boucan phénoménal. »

Quinzième pays hôte à rallier la finale dans l’histoire du tournoi, la Côte d’Ivoire devra imiter ce que onze équipes ont accompli avant elle pour connaître pareille ivresse.

NIGERIA : Nwabali – Aina, TroostEkon­g, Ajayi, Bassey, Sanusi – Onyeka, Iwobi – Chukwueze, Osimhen, Lookman.

CÔTE D’IVOIRE : Fofana – Singo, Ndicka, Boly, Konan – Seri, Kessie, Pepe, Fofana, Adingra – Haller.

Petite finale. Afrique du Sud Congo : 0- 0 (6-5 tab).

- RD

Coupe d’Asie. Le Qatar a battu la Jordanie (3-1), hier, en finale et conserve son titre à domicile.

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| PHOTO : AFP Sébastien Haller et les Éléphants briguent un troisième titre continenta­l.

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