Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Les compléments alimentaires, une mode très risquée
La question de l’alimentation n’a pas toujours occupé la même place dans le quotidien des sportifs. « Avant, on prenait juste des conseils à droite, à gauche, reconnaît Véronique Rousseau, ancienne judokate de haut niveau, elle-même pensionnaire de l’Insep à l’époque. Il n’y avait pas du tout la même considération. »
Les bénéfices ne sont aujourd’hui plus à prouver mais la diététicienne nutritionniste tient quand même à interpeller sur un point. « Attention, il ne faut pas négliger la nutrition mais il ne faut pas non plus la surestimer ! » Cette tendance s’est immiscée dans le monde du sport avec la mode des compléments alimentaires. Le marché explose depuis dix ans et soulève son lot d’interrogations. « Dans la perception de l’athlète, il y a tellement de marketing, qu’ils sont persuadés de consommer les bons produits au détriment d’autres qui seraient plus efficaces », regrette Véronique Rousseau.
L’efficacité du suivi alimentaire reposerait à 80 % dans l’assiette, à 19 % dans les stratégies mises en place pendant les périodes d’entraînements et en dehors, et à seulement 1 % dans les compléments alimentaires. En plus des effets sur la santé, ils font courir le risque d’un contrôle antidopage positif avec la présence, parfois, de substances interdites.
Face à cela, l’Insep a pris ses dispositions en ne prescrivant que des compléments alimentaires répondant à la norme AFNOR NF EN 17444. Une façon d’encadrer la prise et de se prémunir de toutes surprises, « même si le risque zéro n’existe pas ». La méthode est de toute façon toujours la même : accompagner sans jugement et tendre vers l’autonomie des athlètes. « La nutrition, c’est de la pédagogie répétitive », lance Véronique Rousseau dans un sourire.