Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Mal payés, les infirmiers libéraux en action
À Nantes comme dans plusieurs villes de France, hier, des professionnels du collectif Infirmiers libéraux en colère ont sensibilisé les passants à la dégradation de leurs revenus.
14 h hier à la gare de Nantes. En blouse blanche et tracts en main, Yannick, Karine et Christelle, avec quatorze autres infirmiers libéraux de Loire-Atlantique et de Vendée, se fondent dans le flux des passagers pour partager leurs revendications et obtenir une signature à la pétition portée par le collectif des Infirmiers libéraux en colère.
À travers la France, une vingtaine de rassemblements étaient organisés hier. Lancée fin janvier en Rhône-Alpes, dans le sillage du mouvement des agriculteurs, la mobilisation a aussi donné lieu cette semaine à des manifestations devant les caisses primaires d’Assurance-maladie de Grenoble (Isère), Annecy (Haute-Savoie) ou Bordeaux (Gironde).
La dégradation de leurs conditions de travail
Oubliés de la loi Ségur de la santé, les infirmiers libéraux demandent avant tout une revalorisation des tarifs de leurs actes (remboursés par la Sécurité sociale) comme les injections, pansements ou prises de sang. « Leur valeur n’a pas été augmentée depuis 2009, explique Yannick Lav, infirmier à Nantes. Les charges ont explosé et pèsent la moitié de notre chiffre d’affaires. Certains collègues prennent des gardes à l’hôpital pour les payer. » Pour une patiente de 90 ans atteinte de
démence à laquelle il aura consacré au total une heure de soins et trois déplacements en une journée, cet infirmier touche 10,50 € net. Conséquence : « Parfois je travaille sept jours d’affilée. Je ne vois pas mes enfants. »
Christelle, 41 ans, est en zone rurale, à Saint-Florent-le-Vieil entre Nantes et
Angers. « Mes journées font entre quatorze et quinze heures, contre neuf à dix heures à mes débuts en 2010. » En zone rurale, les infirmiers peuvent effectuer quarante séances chaque jour pour trente- cinq patients, et rouler entre 110 et 180 km.
Karine, 47 ans, professionnelle à
Rezé dans la métropole nantaise, est infirmière libérale depuis seize ans. En plus de ses charges à combler, elle a dû contracter un prêt de 10 000 € pour rembourser les taxes dues à l’augmentation de son activité pendant la crise sanitaire.