Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
En 1913, le premier grand magasin du département
Le momentd’histoire. Le Grand bazar parisien – Les Nouvelles Galeries, à Saint-Brieuc, fut la référence commerciale dans le département pendant des décennies. Retour sur son ouverture, le 12 mars 1913.
L’enseigne des Nouvelles Galeries a laissé place à celle du Crédit Mutuel de Bretagne au début des années 1990, mais l’imposant bâtiment d’inspiration Art nouveau continue d’irradier la place Duguesclin, dans le centre-ville de Saint- Brieuc.
L’immeuble sort de terre en 1913, à l’emplacement de l’ancien Bazar parisien, sous le nom de Grand bazar parisien – Les Nouvelles Galeries. Il est imaginé par l’architecte de Morlaix, Pierre Laurent, et est construit par les frères Gaudu, des entrepreneurs Briochins, pour le compte de la famille Guillemot. Ces commerçants d’Ille- et-Vilaine sont à l’origine de nombreux établissements Nouvelles Galeries dans le Grand Ouest.
« Il a contribué à diffuser la mode de Paris ici »
Quand le magasin ouvre ses portes le 12 mars 1913, il devient « le mieux achalandé de la région. On venait de tout le département y acheter de l’ameublement et du prêt-à-porter. Il a contribué à diffuser la mode de Paris ici », relate Kévin Magi, passionné d’histoire locale.
Aujourd’hui, hormis dans la presse locale, il subsiste peu de traces écrites de ce qui fut la référence commerciale majeure du département pendant des décennies.
Dans son édition du 11 mars 1913, l’Ouest- Eclair, ancêtre de Ouest- France, évoque « l’ouverture tant attendue du Grand bazar parisien et des Nouvelles Galeries ». Plus que les articles et objets proposés, le journaliste, à qui il a été permis « de jeter un coup d’oeil », se dit « émerveillé » par l’aménagement et les installations : aération, éclairage, le chauffage cen
tral procurant « une température toujours douce et égale ; de nombreux tuyaux avec lances adaptées à des prises d’eau qui permettront de combattre efficacement et à temps voulu tout commencement d’incendie » (sic).
Il loue aussi la « liberté d’action et de mouvement ». Une petite révolution pour les clients qui pourront manipuler les articles ou encore de flâner dans les allées… sans forcément acheter. Ce qui était interdit dans les boutiques traditionnelles !
Son confrère du Réveil des Côtesdu- Nord s’attarde davantage sur la description du magasin. « On entre
dans une immense salle remplie de rayons et de vitrines, où tout est méthodiquement rangé ; puis au fond, se développe un escalier à double révolution conduisant à deux étages de galeries, où les objets les plus variés sont mis à disposition du public. »
Des prix fixes
Chacun à leur manière, ces deux articles célèbrent le grand magasin comme un élément majeur de la modernité et la naissance d’une nouvelle forme de consommation.
Dans une publicité parue le même jour, est détaillé ce que les clients
pourront trouver dans cette caverne d’Ali-baba : « Des chaussures, de la chapellerie, des spécialités modes et confection pour dames, ameublement, quincaillerie, articles de ménage, verrerie et porcelaine ».
Une large offre de produits vendus, c’est encore une nouveauté, « à prix fixe ». Cela peut paraître totalement incongru, mais jusqu’alors, les prix n’étaient pas affichés sur la marchandise et les petites boutiques avaient tendance à pratiquer des tarifs « à la tête du client ». Un usage qui prête forcément à sourire aujourd’hui…