Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Pommes de terre et mogettes, fleurons légumiers de la Vendée
En Vendée, comme presque partout en France, la pomme de terre n’est cultivée significativement que depuis le début du XIXe siècle. En 1830, une famille d’agriculteurs d’origine flamande est la première à introduire le tubercule sur l’île de Noirmoutier. La production explose et une part importante de la récolte est exportée vers l’Angleterre.
La culture des primeurs est amorcée dans les années 1870 : ces pommes de terre précoces sont expédiées vers la capitale à partir de la fin avril. La précocité de la récolte est permise par le microclimat doux et caractérisé par un fort ensoleillement, par la présence d’embruns qui protègent du gel les jeunes plants, et par les terres sablonneuses légères et enrichies par les épandages du goémon ramassé sur les plages.
Plantées à la Chandeleur
Dans l’entre- deux- guerres, la bonnotte, une variété originaire de Barfleur (Manche) est introduite sur l’île. Mais au début des années 1960, elle disparaît des champs car sa fragilité exige un ramassage à la main. Trentecinq années plus tard, elle est à nouveau semée.
Légèrement sucrée et avec un goût de noisette, la bonnotte de Noirmoutier est, avec la sirtéma, la variété la
plus prisée des consommateurs.
Plantée à la Chandeleur, elle est récoltée entre le 6 et le 18 mai… mais les volumes sont volontairement limités. La pomme de terre primeur de Noirmoutier bénéficie de deux labels officiels : elle a obtenu une IGP (Identification géographique protégée) en 2020 et certaines variétés sont distinguées par un Label rouge. Sur l’île, une vingtaine de producteurs récoltent, chaque année, environ 12 000 tonnes de ces primeurs.
La « grillée » de mogettes
Détentrice d’un Label rouge et d’une IGP, la mogette vendéenne est un aliment emblématique de ce département, aux côtés des traditionnels choux. Elle est même une composante de l’identité culturelle de ses habitants. Ce gros haricot- sec, blanc et brillant, possède une peau fine et fragile qui éclate souvent à la cuisson. Rapporté d’Amérique du sud au XVIe siècle et acclimaté par des moines de la région, cet aliment bon marché, nourrissant et pouvant être conservé longtemps, était présent quotidiennement à la table des habitants du Bas-Bocage vendéen.
Accompagnées d’une tranche de lard, les mogettes cuisaient dans la cheminée pendant de longues heures. Aujourd’hui, la mogette vendéenne accompagne le jambon de Vendée, le gigot d’agneau, le canard ou le poisson. Une recette traditionnelle est la « grillée » (ou « rôtie ») de mogette : une tranche de pain grillée frottée avec une gousse d’ail, puis beurrée et recouverte d’une couche de mogettes bien chaudes !