Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Mâle ou femelle ? Et si ce n’était pas la question…
Développement. Le sexe d’un animal détermine-t-il son tempérament ? Est- ce un critère à prendre en compte à l’adoption ? Vétérinaire comportementaliste, Olivier Ezvan apporte son éclairage.
Les futurs maîtres se posent presque tous la question : vaut-il mieux adopter un mâle ou une femelle ?
À mon avis, c’est un critère de choix hasardeux. Qu’il s’agisse de chats ou de chiens, le tempérament d’un animal est impossible à prédire sur la seule base de son sexe. En termes de comportement, les études scientifiques sérieuses portant sur le sujet sont rares, mais elles ne font état que de différences minimes entre mâles et femelles.
Quelles sont ces différences ?
Chez le chat comme chez le chien, on a pu montrer qu’à maturité sexuelle, les individus mâles étaient susceptibles d’explorer des territoires plus vastes que les femelles. Ou encore qu’un chien était plus enclin qu’une chienne à se battre avec ses congénères. Dans ce dernier cas, notons toutefois que les rixes entre mâles sont généralement de moindre gravité que les confrontations entre femelles. Autant de divergences qui disparaissent lorsque les animaux sont stérilisés. La plupart des comportements jugés problématiques – vocalises pendant les chaleurs, marquage urinaire, fugues… – sont, de fait, étroitement corrélés aux hormones sexuelles.
L’idée selon laquelle les mâles sont moins obéissants et les femelles plus faciles à éduquer serait un stéréotype ?
Je pense que beaucoup de maîtres se basent sur l’expérience qu’ils ont eue avec un animal donné. Ils peuvent associer certains traits de caractère au fait que l’animal était soit mâle, soit femelle. Dans les faits, on observe plutôt que c’est ce que le chien ou le chat a vécu durant les premiers mois de sa vie qui va conditionner son comportement.
C’est-à-dire ?
Dans le développement du chiot ou du chaton, les deux premiers mois sont fondamentaux. Acquisition des autocontrôles (inhibition de la morsure par exemple, apprentissage de la propreté) ou encore socialisation, beaucoup de choses se jouent à ce moment-là. D’abord parce qu’elles dépendent de l’éducation de la mère, d’où l’importance de ne jamais sevrer ou adopter trop tôt. Ensuite parce que l’environnement dans lequel évolue l’animal durant cette
période est déterminant. Un chat né dans une grange, sans contact avec les humains, sera souvent plus farouche qu’un chat élevé au sein d’une famille où il aura été correctement stimulé. Plus que le sexe de l’animal, ce sont ces variables qui façonnent le caractère. Tout comme, par la suite, l’éducation que donnera le maître à son animal et l’environnement qu’il lui offrira.