Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
Grégoire Coudert, c’est l’heure du bosseur
À 24 ans, l’habituel gardien numéro 2 va profiter de la suspension de Marco Bizot pour connaître sa première titularisation en Ligue 1. La récompense pour un joueur réputé pour sa détermination.
L’intérim de Grégoire Coudert dans le but brestois devait normalement prendre fin avec l’élimination en 8es de finale de la Coupe de France face au PSG. Mais le numéro 2 au poste va faire du rab. Le titulaire Marco Bizot a été suspendu pour deux matches après son expulsion à Clermont, le week- end dernier. Ce qui va propulser sa doublure de 24 ans dans le onze de départ, aujourd’hui, contre l’OM. La toute première titularisation en Ligue 1 de sa carrière.
L’histoire est belle pour un garçon arrivé dans l’anonymat à Brest à l’été 2021, où il n’était même pas sûr qu’un contrat l’attende. L’actuel adjoint d’Éric Roy, Julien Lachuer, était l’entraîneur des gardiens à l’époque. Il raconte : « On lui avait proposé de s’entraîner avec nous pour l’observer. Mais à cette période le numéro 2, Gautier (Larsonneur), était parti faire les JO, et le numéro 3, Sébastien Cibois, s’était blessé. Du coup, on l’avait fait signer dans ce rôle de numéro 3 avec l’idée qu’il fasse son trou, de passer les étapes une par une. Ce qu’il a fait. »
« Il revenait s’entraîner l’après-midi »
En deux saisons passées avec la réserve, Coudert a conquis son monde. Au point que le club décide de le promouvoir au rang supérieur l’été dernier. Séduit par ses qualités techniques et humaines. « C’est une bonne personnalité et un gardien complet, décrypte Christophe Revel, l’entraîneur des gardiens cette saison au Stade Brestois. Les axes de progression existent dans chaque secteur de son jeu, du fait de son jeune âge, de sa jeune expérience. Mais on est déjà persuadé qu’il est capable de suppléer Marco. »
Le natif de Rodez l’a démontré avec des prestations plutôt abouties contre Angers, Trélissac et le PSG en Coupe de France. « À Trélissac, dans un match compliqué, il a été décisif deux ou trois fois. Ça confirme sa progression », note son entraîneur Éric Roy. Le grand public a aussi découvert, à cette occasion, ce gardien au visage juvénile et au physique imposant. Les épaules larges et la barre du double mètre de hauteur lar
10gement dépassée sur la pointe des pieds.
Des qualités athlétiques qui lui ont permis de se faire repérer assez tôt. « Il vient d’une région de rugby, donc il avait un gabarit de rugbyman, plus que de footballeur à la base », sourit Nourredine El Ouardani, qui a atteint la finale Coupe Gambardella en 2018 avec Coudert au Tours FC, avant de l’intégrer progressivement au groupe professionnel tourangeau en National.
C’est là que Steeve Elana a croisé sa route. L’ancien portier du Stade Brestois avait 38 ans. Il se souvient très bien de ce jeune gardien « curieux » dont il a continué à suivre avec intérêt la progression depuis. « Il était puissant, brut sur plein de choses, mais j’ai aimé son approche car c’était un bosseur. Il n’est jamais fatigué de travailler quand il sait pourquoi il travaille et qu’on lui explique ce qu’il fait. »
La description d’un gamin détermi
Le Stade Brestois est actuellement sur une série de 10 matches sans défaite en Ligue 1 (6 victoires, 4 nuls). Il s’agit de la deuxième meilleure série d’invincibilité de son histoire dans l’élite (12 entre avril et août 1990).
né qui revient dans la bouche de tous ceux qui l’ont croisé. Haris Belkebla en fait partie. Si l’international algérien n’a pas oublié le côté bon camarade de son ancien coéquipier à Brest (2021-2023) – « on allait souvent se faire une petite sortie, un cinéma, un restaurant avec notre bande. » – il se rappelle surtout de la motivation de son jeune coéquipier quand il l’a côtoyé pour la première fois à Tours, en Ligue 2 (2016-2018). « Il faisait beaucoup de travail en dehors des entraînements. Des fois, il revenait l’après-midi, rembobine-til. Il était très demandeur de séances spécifiques avec les entraîneurs des gardiens. Et quand ils n’étaient pas disponibles, il allait en salle de musculation. »
L’ancien gardien professionnel Olivier Blondel non plus n’a pas oublié « cette machine de travail ». Mais l’actuel entraîneur des gardiens de la réserve de l’OL a surtout été marqué par la capacité de résilience du Brestois. Car tout aurait pu s’arrêter assez vite quand Coudert s’est retrouvé au chômage à 20 ans, après les déboires administratifs du Tours FC en 2019. Les propositions ne se bousculaient pas.
Il a alors accepté la proposition d’Olivier Blondel de rejoindre la réserve d’Amiens, en National 3, sous licence amateur. « Son choix a été courageux. Il avait touché le monde pro, mais il a accepté de repartir d’en bas. » Il a été récompensé un an après, en signant son premier contrat pro en Picardie. Avec la suite que l’on connaît. À bientôt 25 ans, il s’apprête à débuter son premier match de Ligue 1. L’intérimaire à deux matches pour prouver que sa place est bien dans l’élite.
C’est un match important (contre Brest), je ne sais pas si c’est celui de la dernière chance. On ne peut pas se permettre de se rater. L’équipe devra répondre présente.
Gennaro Gattuso, entraîneur de l’Olympique de Marseille, samedi en conférence de presse.