Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)
« Les Ukrainiens feront tout pour s’intégrer en France »
Dans la guerre en Ukraine, est-ce que vous pariez sur une victoire des Ukrainiens face aux Russes ?
Il y a un an, je vous aurais dit : « oui ». Aujourd’hui, c’est beaucoup plus nuancé. Ce qui les sauvera, c’est d’avoir du matériel moderne, mais il y a l’hypothèque Trump et la possibilité qu’il soit élu en novembre 2024, ce qui n’aiderait pas les Ukrainiens. Je pense plutôt que les Russes essaient de geler le conflit avec leurs acquis territoriaux. Poutine ne lâchera jamais, si rien ne change. Mais imaginez que l’on fournisse des armes à longue portée aux Ukrainiens ou qu’ils arrivent à les fabriquer car aujourd’hui ils sont très inventifs, alors là…
Vous qui connaissez très bien ce pays, croyez-vous à une entente entre russophones et ukrainophones pour reconstruire le pays après la guerre ?
J’ai un peu tendance à comparer la Belgique et l’Ukraine. Avant la guerre, vous aviez deux communautés qui ne s’aimaient pas : tout ce qui était plutôt à l’Est du Dniepr était plutôt russophone. Tout ce qui était à l’Ouest était plutôt ukrainophone. Il y avait une dichotomie que l’on voyait dans les cartes des résultats de l’élection présidentielle. Il y avait une division, pour ne pas dire un clivage. Mais les Ukrainiens ont un point commun avec la France : quand ils sont agressés, ils font l’union.
Croyez-vous à aux chances d’intégration des réfugiés ukrainiens en France ?
Les Ukrainiens sont arrivés en France sous la contrainte de la guerre. Un certain nombre sont rentrés. Parmi ceux qui sont restés, beaucoup rêvent de rentrer. Et ceux qui resteront s’intégreront au même titre que les Polonais il y a quelques années car nous avons le même mode de pensée. J’ai eu des élèves chinois. Je comparerais les Ukrainiens avec eux. À partir du moment où les gens veulent s’intégrer, ils font les efforts nécessaires.