Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Pourquoi la Bretagne accueille peu de

Avec 5 000 Ukrainiens accueillis ou en transit sur son territoire depuis février 2022, la Bretagne figure parmi les régions françaises ayant reçu le moins de déplacés.

- Laetitia JACQ- GALDEANO.

Avec près de 5 000 Ukrainiens accueillis ou qui ont transité dans la région au 9 février 2024 (dont 770 enfants scolarisés), la Bretagne compte parmi les régions françaises accueillan­t le moins de déplacés ukrainiens. Avec 3,6 % du nombre d’allocatair­es protégés temporaire­s recensés en France, elle se situe même à l’avant- dernière place devant la région Centre, selon l’Office français de l’immigratio­n (OFI), mais loin derrière l’Île- de- France (23,6 %), la région Provence-Alpes- Côte d’Azur (15,5 %) et l’Auvergne Rhône-Alpes (11,6 %).

Pourquoi les Ukrainiens sont-ils si peu en Bretagne ? Parce que la plupart ont trouvé refuge dans des pays voisins abritant une forte diaspora ukrainienn­e. Et parce que « la Bretagne est géographiq­uement loin de l’Ukraine, explique Philippe Delaporte, ancien consul d’Ukraine en Bretagne de 2018 à 2021. Pour beaucoup de pays, la France, c’est Paris. »

« Ceux qui sont restés sont autponomes »

Partis chercher des réfugiés ukrainiens à la frontière ukraino-polonaise début mars 2022, dès le début de la guerre, des bénévoles finistérie­ns ont constaté que beaucoup ne connaissai­ent pas la péninsule bretonne. Une méconnaiss­ance renforcée par la faiblesse de la diaspora ukrainienn­e avant guerre en France (17 000 personnes), « très diffuse » en Bretagne, indique Philippe Delaporte. « Les Ukrainiens n’étaient pas très nombreux. Je les recensais au fur et à mesure de mes activités. Il y avait beaucoup de jeunes femmes venues se trouver un mari qui me demandaien­t comment obtenir les papiers pour se marier. »

Deux ans après le début de la guerre, assure- t- on à la préfecture de région, « le nombre réel de déplacés ukrainiens présents actuelleme­nt (en Bretagne) reste encore complexe à déterminer du fait de la grande mobilité de ce public ».

« Beaucoup de ceux que l’on a

accueillis au début de la guerre sont repartis, confirme Elena Kozyr, professeur de musique dans l’agglomérat­ion de Brest (Finistère), installée en France depuis des années et présidente de Bretagne Ukraine. Une cinquantai­ne de ceux qu’on a accueillis au début de la guerre sont restés soit parce que leur logement a été bombardé en Ukraine, soit parce qu’ils ont des enfants malades. Au début, nous avons eu beaucoup de travail pour accueillir nos compatriot­es, les accompagne­r dans leurs démarches et leur donner des cours de français. Cette année, il n’y a plus besoin de leur donner des cours car ceux qui sont restés sont autonomes. »

« On buvait dans les flaques d’eau »

Alors que la guerre en Ukraine entre dans sa troisième année, la Bretagne

recense 500 Ukrainiens de plus qu’au 1er décembre 2022 (près de 4 500 personnes dont 767 enfants scolarisés) et qu’en février 2023, (plus de 4 500 dont 886 enfants scolarisés).

Cette légère augmentati­on s’explique en partie par « des opérations de réorientat­ion organisées chaque semaine par l’État depuis l’Île- deFrance qui connaît d’importants flux d’arrivée », explique la préfecture. Fin janvier 2024,

1 775 personnes avaient ainsi été accueillie­s et les quatre préfecture­s bretonnes avaient délivré 3 793 premières autorisati­ons provisoire­s de séjour (APS) à des adultes (800 de plus qu’en décembre 2022) accompagné­s de 1 231 enfants.

Car si certains réfugiés ont quitté la Bretagne, d’autres y arrivent encore spontanéme­nt, au gré des combats qui les poussent à fuir. Le siège de Marioupol a forcé Igor, papa solo d’un

garçon de 13 ans, à partir après s’être caché « deux mois dans les combles d’un bâtiment détruit par les bombes avec sa famille. On buvait dans les flaques d’eau ».

Cet ingénieur a travaillé huit mois dans un camping de Plougonvel­in (Finistère) et cherche à nouveau activement du travail. « Je ne vois pas où revenir en Ukraine car ma maison a été détruite, ma ville aussi. Et elle est occupée par les Russes. »

L’associatio­n Bretagne- Ukraine envoie une fois par mois un convoi de médicament­s et de matériels en Ukraine, grâce aux bénéfices obtenus en organisant des concerts ou des spectacles. Le 1er mars, ciné- concert film muet à Plouzané, salle FrançoisMi­tterrand, à 20 h. L’associatio­n a besoin de bénévoles. Contact : ukrainiens­enbretagne@gmail.com

 ?? | PHOTO : ARCHIVES OUEST-FRANCE ?? En mars 2022, à Concarneau (Finistère), arrivée de nuit en provenance de Paris des premiers réfugiés ukrainiens qui fuient l’invasion russe.
| PHOTO : ARCHIVES OUEST-FRANCE En mars 2022, à Concarneau (Finistère), arrivée de nuit en provenance de Paris des premiers réfugiés ukrainiens qui fuient l’invasion russe.

Newspapers in French

Newspapers from France