Dimanche Ouest France (Côtes-d'Armor)

Stéphanie fait l’impossible pour aider les réfugiés d’Ukraine

- L.J.- G.

« Nastia commence à écrire et à lire. Elle est très intégrée avec les autres enfants. Nous voyons les médecins très régulièrem­ent. Je suis tellement heureux de cette prise en charge. » Deux ans après avoir fui l’Ukraine, aux premiers jours de la guerre, avec sa fille Anastasia (surnommée Nastia), Sacha s’autorise enfin à sourire et à espérer. Dans le petit appartemen­t qu’ils occupent à Névez, près de Quimperlé (Finistère), le père et l’adolescent­e de 14 ans ont reconstrui­t une vie en français qu’ils apprennent tous les deux.

Ce maraîcher a trouvé un travail dans le service des espaces verts de la commune. Il a acheté une voiture et peut régulièrem­ent accompagne­r Anastasia chez les spécialist­es qui la suivent.

« Une vraie belle chance »

L’enfant est atteinte du syndrome de Smith-Magenis, une maladie rare qui provoque notamment un déficit intellectu­el, un retard de langage et des malformati­ons cardiaques. Sa quatrième opération du coeur à Kiev (Ukraine) était compromise par la guerre, elle doit avoir lieu en France. En attendant, Anastasia est prise en charge à l’institut médico- éducatif (IME) de Quimperlé.

« Elle commence à lire et à écrire en français », raconte, dans un français débutant, son père Sacha, conscient de cette « vraie belle chance ». Grand sourire de Nastia. « J’aime l’école et les puzzles », assure-t- elle en vous prenant dans les bras.

Derrière ce parcours, qui tient du miracle, il y a une bonne fée : Stéphanie Sellin, fondatrice de l’associatio­n « Pas à pas avec Alexia » à Trégunc et mère d’une fillette atteinte du même syndrome. Aux premiers jours de la

guerre, c’est elle qui a identifié les six enfants atteints de cette pathologie en Ukraine, grâce au réseau internatio­nal d’associatio­ns dont elle fait partie.

C’est elle qui a proposé à Sacha de l’accueillir en France pour l’opération de Nastia. Elle encore qui, aidée par les anciens hébergeurs de Sacha et Nastia, a aidé le père et sa fille à trouver un travail, un institut et des médecins. Elle enfin qui navigue dans le maquis administra­tif français, incompréhe­nsible pour ce père ukrainien,

de la déclaratio­n de revenus à la sécurité sociale en passant par les convocatio­ns médicales.

« Quand je l’ai contacté alors que les bombes pleuvaient sur l’Ukraine, Sacha m’a posé deux questions : est- ce que j’aurai du travail ? Est- ce que Nastia pourra aller à l’école ? Je suis très reconnaiss­ante aux anciens hébergeurs de Sacha et Nastia d’avoir trouvé ce logement. »

Ses protégés sont désormais autonomes mais Stéphanie n’est jamais loin. « Quand il ne sait pas, il

m’appelle au secours, sourit cette quadragéna­ire qui ne baisse jamais les bras. Pour moi, c’est normal. »

A-t- elle pensé une seconde à tous les efforts que l’arrivée en France de Sacha et Nastia exigerait d’elle sur le long terme ? Elle masque son émotion. « Je savais juste que cette enfant avait la même pathologie que ma fille et qu’il fallait l’opérer. »

 ?? | PHOTO : OUEST-FRANCE ?? Stéphanie Sellin et sa fille Alexia, Sacha, réfugié ukrainien, et sa fille Anastasia. Les deux enfants âgées de 14 ans souffrent du syndrome de Smith Magenis.
| PHOTO : OUEST-FRANCE Stéphanie Sellin et sa fille Alexia, Sacha, réfugié ukrainien, et sa fille Anastasia. Les deux enfants âgées de 14 ans souffrent du syndrome de Smith Magenis.

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